Sébastien Lecornu a annoncé jeudi 20 novembre devant le congrès des maires étudier l’idée d’une prime « régalienne » de 500 euros pour chacun des maires, afin de « sécuriser » les actes qu’ils prennent.
« On ne peut pas demander aux maires, agents de l’Etat, de prendre sans cesse plus de risques sans voir [cette prise de risques] reconnu[e]. Et donc j’ai demandé aux ministres de travailler à un principe de prime régalienne (…) qui pourrait représenter 500 euros par an pour chaque maire, quelle que soit la taille de la commune », a déclaré le premier ministre en clôture du 107e congrès des maires réuni à Paris. Il s’agit de « sécuriser [la] capacité [du maire] à prendre un certain nombre d’actes au nom de l’Etat ».
Le chef du gouvernement entend également prendre un « méga décret » d’ici Noël pour « élaguer » une trentaine de normes « complètement surréalistes ». Il prévoit d’en supprimer encore 70 « entre janvier et février ».
Il a cité plusieurs mesures qu’il veut supprimer, dont sa « préférée » : l’obligation annuelle de vidange des piscines municipales. « Je souhaite que le début du prochain mandat municipal puisse se faire dans la plus grande des simplicités », a résumé M. Lecornu.
Le premier ministre, privé de majorité pour faire passer son budget, a fustigé au passage le « désordre politique » au Parlement. Il faut « arriver à sauver la démocratie représentative » et « faire en sorte qu’un chemin de compromis puisse être trouvé » sur le budget, « parce que je ne vois pas beaucoup de bonnes nouvelles pour le pays issues du désordre politique », a-t-il affirmé.
« Je ne vois pas beaucoup de progrès social qui peut sortir du désordre politique », ni « beaucoup d’avancées pour les collectivités territoriales, les services publics de proximité pour celles et ceux qui vont s’engager demain pour leurs territoires », a-t-il dit. « Et dans un moment si dur sur le terrain géopolitique, la France ne peut pas se permettre un déclin uniquement sur fond de désordre politique. »
Alors que le nombre de démissions ne cesse de croître depuis 2020, deux études publiées à l’automne 2024 ont, pour la première fois, levé le voile sur la santé mentale des maires. Une première, menée par les sociologues Didier Demazière et Jérôme Pélisse, du Centre de sociologie des organisations (Sciences Po Paris-CNRS) avec l’Association des maires de France et des présidents d’intercommunalité (AMF), a révélé que 83 % des édiles jugent leur mandat usant pour leur santé et se disent « fréquemment » sujets à un fort stress ou à des troubles du sommeil.
Une seconde, conduite par l’Observatoire Amarok, sous la direction de son président, Olivier Torrès, et du doctorant Mathieu Le Moal, de l’université de Montpellier, avec l’Association des maires ruraux de France, a montré que, malgré une satisfaction générale dans l’exercice de leur mandat (69,3 %), « 31,4 % des maires font face à un début d’épuisement », tandis que 3,48 % présentent « un risque de burn-out sévère ».