On en était resté au discours tonitruant prononcé il y a trois ans par huit étudiants d’AgroParisTech lors de leur cérémonie de remise de diplôme. Leur appel à déserter l’agro-industrie aurait pu créer une onde de choc durable. D’autant que les scandales sanitaires ont continué à éclater, année après année. Pourtant, malgré la multiplication des crises, l’esprit de révolte semble plutôt s’émousser dans les écoles d’agronomie.

Théo Gangloff avait tout juste 10 ans quand a éclaté le « chevalgate », début 2013. Cinquante mille tonnes de viande de cheval vendues pour du bœuf dans 16 pays européens, dont 800 tonnes en France. Un véritable séisme pour l’enfant dont les grands-parents exerçaient alors le métier d’agriculteur, tandis que ses parents dirigeaient une biscuiterie artisanale spécialisée dans les bredele – ces fameux biscuits traditionnels alsaciens. « Après le scandale, je me souviens m’être mis à douter de tout ce que je mangeais, que ce soit à la cantine ou au restaurant, raconte-t-il. J’avais peur d’être moi aussi trompé. »

Douze ans plus tard, le voilà pourtant étudiant en deuxième année de cursus ingénieur à l’Ecole nationale supérieure en agronomie et industries alimentaires (Ensaia), au sein de l’université de Lorraine, à Nancy. Il a choisi d’effectuer sa formation en alternance chez Nestlé Waters, éclaboussé quelques mois plus tôt par une affaire de tromperie. La filiale du géant suisse a reconnu avoir eu recours à des techniques de filtration interdites pour purifier ses eaux. Pourtant, cela n’a pas arrêté Théo. « Quand je suis arrivé, en septembre 2024, l’entreprise avait arrêté ce procédé, assure-t-il. A mes yeux, l’affaire était donc close. »

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