Un long parcours sillonnant la Méditerranée d’un point à un autre, et finissant par relier presque tous ses rivages : voilà à quoi ressemble la vie de Miguel de Cervantès (1547-1616). En effet, le grand écrivain espagnol n’a pas toujours été celui que l’on présente comme « le père du roman moderne ». Il lui aura fallu attendre d’avoir près de 60 ans pour publier, en 1605, la première partie de son mythique Don Quichotte. Avant cela, ce fils de médecin avait embrassé la carrière des armes. Au fil des batailles, dans les années 1570 et 1580, on le trouve à Chypre, où il assiste à la prise de Nicosie par les Turcs. En Grèce, à Lépante, où il perd l’usage de sa main gauche. En Sicile, à Messine, où il effectue sa convalescence. Puis en Grèce de nouveau, en Tunisie, en Espagne… Lorsque sa galère est attaquée au large des Saintes-Marie-de-la-Mer, Cervantès est fait prisonnier et emmené à Alger. Malgré plusieurs tentatives d’évasion, il y restera cinq ans. Aujourd’hui, un quartier algérois porte encore son nom.
C’est cette dimension méditerranéenne de Cervantès qui a donné l’idée au Musée des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée (MuCEM) de lui rendre hommage à travers une exposition célébrant son illustrissime antihéros, l’ingénieux hidalgo de la Mancha. « Pour le reste, indique le président du musée marseillais, Pierre-Olivier Costa, il n’y avait pas d’anniversaire marquant. Pas de raison particulière d’évoquer Don Quichotte en 2025. Mais c’est probablement cette absence de raison qui rend ce moment idéal pour évoquer ce grand échalas bringuebalant, à la fois fou et loufoque, grave et comique, aussi attachant que déconcertant. »