Des militaires en Guinée-Bissau ont annoncé, mercredi 26 novembre, prendre le « contrôle total du pays », « suspendre le processus électoral », la fermeture des frontières et l’instauration d’un « couvre-feu obligatoire », alors que le pays est dans l’attente des résultats des élections présidentielle et législatives organisées dimanche.
Plus tôt dans la journée, des tirs avaient été entendus près du palais présidentiel, et des hommes en tenue militaire avaient pris possession de la principale artère menant vers le palais, dans ce pays d’Afrique de l’Ouest coutumier des troubles politiques, qui a connu quatre coups d’Etat et une kyrielle de tentatives de putsch depuis son indépendance, en 1973.
En début d’après-midi, le général de brigade Denis N’Canha, assis derrière une table et entouré de militaires armés, a annoncé au siège de l’état-major qu’un « haut commandement pour la restauration de l’ordre, composé de toutes les branches de l’armée » prenait « la direction du pays jusqu’à nouvel ordre », ont constaté des journalistes de l’Agence France-Presse (AFP).
Le général a affirmé que les militaires avaient agi « pour garantir la sécurité au niveau national et également rétablir l’ordre », évoquant la découverte par les « renseignements généraux » d’un « plan visant à déstabiliser le pays avec l’implication des barons nationaux de la drogue ». Les renseignements généraux « ont confirmé l’introduction d’armes dans le pays pour changer l’ordre constitutionnel », a-t-il ajouté, appelant la population « au calme ».
Dans les rues de la capitale, Bissau, quelques rares passants étaient visibles en fin d’après-midi, et un calme précaire régnait. A la mi-journée, des centaines de personnes avaient fui la zone du palais présidentiel, à pied ou à bord de véhicules, pour se mettre à l’abri, tandis que des tirs nourris avaient retenti à plusieurs reprises.
Le président sortant, Umaro Sissoco Embalo, est « en prison à l’état-major » et est « bien traité », a rapporté à l’AFP un officier de l’armée. Une autre source militaire a confirmé à l’AFP l’arrestation de M. Embalo aux côtés du « chef d’état-major et du ministre de l’intérieur ».
L’opposant Domingos Simoes Pereira, qui avait été écarté de la présidentielle pour avoir déposé son dossier trop tardivement, a, lui aussi, été arrêté par « des hommes armés », selon des proches et un collaborateur. M. Pereira, dirigeant du Parti africain pour l’indépendance de la Guinée-Bissau et du Cap-Vert (PAIGC), parti historique ayant mené le pays à l’indépendance par les armes, soutenait la candidature de Fernando Dias da Costa.
Mardi, le camp de M. Embalo et celui de M. Dias da Costa avaient chacun revendiqué la victoire, alors que les résultats provisoires officiels de ces élections n’étaient attendus que jeudi.
La proclamation des résultats électoraux a souvent donné lieu à des mouvements de contestation. La précédente présidentielle, en 2019, avait débouché sur plusieurs mois de crise post-électorale, M. Embalo et son adversaire M. Pereira revendiquant tous deux la victoire.