« Le haut commandement militaire pour le rétablissement de la sécurité nationale et de l’ordre public a décidé de destituer immédiatement le président de la République et, jusqu’à nouvel ordre, de fermer toutes les institutions de la République de Guinée-Bissau. »
C’est par ces mots et entouré de militaires armés que Denis N’Canha, général de brigade et chef de la maison militaire de la présidence, a annoncé à la presse, mercredi 26 décembre, trois jours après les élections présidentielle et législatives, que l’armée prenait la « direction du pays ». Les deux principaux candidats à la présidence, l’actuel chef de l’Etat Umaro Sissoco Embalo et Fernando Dias da Costa, dans l’opposition, avaient jusqu’alors revendiqué la victoire électorale.
Denis N’Canha a justifié son putsch en évoquant la découverte par les « renseignements généraux » d’un « plan visant à déstabiliser le pays avec l’implication des barons nationaux de la drogue ». Plus tôt dans la journée, des tirs ont été entendus près du palais présidentiel et des hommes en tenues militaires ont pris possession de la principale artère menant vers la résidence d’Umaro Sissoco Embalo.
Le président de la Guinée-Bissau a confirmé avoir été arrêté, lors d’un échange avec la chaîne de télévision France 24 : « J’ai bien été renversé, je ne peux pas trop parler sinon ils vont me confisquer mon téléphone. Je suis actuellement à l’état-major », a-t-il affirmé.
Denis N’Canha a également annoncé la suspension de « tout le processus électoral », la fermeture des frontières « terrestres, aériennes et maritimes » et l’instauration d’un « couvre-feu obligatoire ». Le pays a déjà connu quatre coups d’Etat et une kyrielle de tentatives de putsch depuis son indépendance, en 1973.