Cette semaine, « Le Monde des livres » propose de se confronter à l’horreur de la guerre en Ukraine à travers la poésie de l’un de ses soldats, mort au front en 2024, Maksym Kryvtsov ; de se rapprocher du militant de gauche, braqueur et écrivain Pierre Goldman (1944-1979) grâce à sa correspondance avec son épouse lorsqu’il était détenu à Fresnes ; de se laisser guider par l’écrivain voyageur Paolo Rumiz le long de la faille sismique qui traverse l’Italie ; de s’initier aux finesses de l’analyse de l’ADN appliquée à l’histoire et, en particulier, à l’histoire des migrations au haut Moyen Age, avec Patrick J. Geary ; de se lancer dans une chasse aux espions, enfin, dans les couloirs de la Patriotic School, à Londres, pendant la seconde guerre mondiale, en y suivant Macha Séry.

POÉSIE. « Poèmes de la brèche », de Maksym Kryvtsov

Le poète ukrainien Maksym Kryvtsov a été tué au front le 7 janvier 2024. Il avait 33 ans. Actif pendant la révolution de Maïdan en 2014, il s’était engagé la même année dans les forces armées ukrainiennes, alors que la Russie commençait à envahir le Donbass et annexait la Crimée. Il avait été démobilisé en 2019, puis s’était de nouveau engagé en 2022 au déclenchement de l’invasion à grande échelle, combattant notamment comme mitrailleur.

C’était aussi un des poètes les plus en vue d’Ukraine, dont la mort a suscité une intense émotion à travers le pays. Avant d’être enterré dans sa ville natale, Rivne, son corps avait été exposé sur la place Maïdan, au centre de Kiev. Certains ont évoqué le souvenir de la « Renaissance fusillée », la génération d’écrivains et d’artistes ukrainiens assassinée par le pouvoir soviétique dans les années 1920-1930. Car le jeune soldat rejoignait une liste déjà longue. Plus de 100 écrivains ukrainiens ont été tués par l’agresseur russe depuis le 24 février 2022.

La parution en français du recueil qu’il avait publié en Ukraine un mois avant sa mort, Poèmes de la brèche, nous permet de mesurer la force et la beauté de cette œuvre tour à tour désespérée et tendre, sarcastique et révoltée, dans laquelle la camaraderie, et le désespoir devant la mort des compagnons d’armes, côtoie la solitude de celui qui sait qu’il peut être, lui aussi, emporté à tout instant. Un des poèmes les plus déchirants qu’a laissés Maksym Kryvtsov avant d’être tué s’achève sur ces vers : « et mon sommeil/ mon long sommeil sanglant/ et froid/ comme le visage de cette morte à Izioum/ a déjà duré longtemps/ dure toujours/ et durera encore/ maman/ réveille-moi. » Fl. Go.

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