Que veut Vladimir Poutine ? Quel que soit le sort de l’activité diplomatique en cours sur l’Ukraine, elle doit être appréciée à l’aune des objectifs de guerre affichés par le maître du Kremlin. Le président russe a cette qualité : il a dit ce qu’il voulait. Moscou revendique un droit de tutelle politique et militaire sur son voisin du Sud, en somme une souveraineté limitée pour Kiev, un statut de vassal consenti ou forcé.
Façonné de main russe, le document concocté en Floride – ces 28 points que Washington s’apprêtait à imposer aux Ukrainiens avant l’intervention des Européens – reflète bien l’ambition de Moscou. Ce texte fait la part belle à la plupart des revendications russes. Il limite les capacités de défense de l’Ukraine et appelle à de nouvelles élections dans ce pays (en principe souverain). Il exige que les Ukrainiens acceptent l’amputation d’une partie de leur territoire, qu’elle ait été ou non conquise par l’armée russe.
L’ensemble sans demander en retour la moindre concession, pas même un cessez-le-feu préalable à l’ouverture d’un dialogue entre les deux protagonistes. La « paix de Floride », telle que présentée par l’un des auteurs du document, l’envoyé spécial américain, Steve Witkoff, posait des conditions à Kiev et entérinait celles de Moscou. Pour comprendre, il faut en revenir au début de la guerre.
Quand il lance 10 divisions blindées à l’assaut de l’Ukraine, le 22 février 2022, le président russe ne vise pas d’abord le Donbass, la frange orientale de l’Ukraine, mais Kiev. Il veut la capitale et un changement de régime, un gouvernement à la botte de Moscou. Poutine n’accepte pas l’indépendance de l’Ukraine. Le cœur du drame est là – bien avant la soi-disant question de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN) ou celle des frontières. Vue de Moscou, la question ukrainienne est d’abord politico-idéologique. Trump ignore l’histoire et l’idéologie. Il veut un « deal », car il pense que tout, sur cette terre, n’est que « deal ».