Vivienne Westwood portait la sienne – une petite araignée en or sertie de gemmes datant de 1890 – sur l’épaule. En octobre, les visiteurs de l’exposition « From Function to Fantasy: The Brooch » (« du fonctionnel à la fantaisie : la broche ») organisée par Wartski, à Londres, ont pu l’observer de près. A l’occasion de son 160e anniversaire, la galerie spécialisée dans les bijoux anciens a présenté 255 broches, toutes plus originales les unes que les autres, retraçant ainsi plus de trois mille ans d’histoire de cet accessoire.
« C’est le seul bijou capable de trahir la personnalité de celui qui le porte, parce que c’est le seul que l’on peut porter n’importe où », expliquait la commissaire de l’exposition, Katherine Purcell au Financial Times en septembre. « Un bracelet ne peut être porté qu’au poignet ; une bague ne peut aller que sur un doigt. Mais, dès que vous voyez une broche portée sur une épaule ou [dans le dos], vous pensez immédiatement : “Ah, voilà quelqu’un que j’aimerais apprendre à connaître.” Cela suggère une certaine originalité. »
On ne compte plus les chroniques qui lui sont consacrées et qui expliquent comment « cet accessoire de grand-mère » est redevenu à la mode. Toujours dans le Financial Times, dans un autre article intitulé « Comment porter une broche avec aplomb », on apprend que Frank Everett, premier vice-président joaillerie et directeur des ventes luxe de Sotheby’s, en annonce le grand retour depuis maintenant dix ans. « Je n’arrêtais pas de dire qu’elles étaient de retour, car j’en avais énormément à vendre », lance-t-il au quotidien britannique, satisfait de constater qu’« elles reviennent pour de bon ». Plus encore, c’est un véritable raz-de-marée. Dès qu’on commence à y prêter attention, on aperçoit des broches éclore un peu partout sur les silhouettes.
En 2023, Phoebe Philo en créait une énorme en forme de fleur de dahlia, aux pétales en tissu ébouriffés, qu’elle épinglait sur les épaules de ses manteaux et de ses trenchs. Désormais, quasiment toutes les marques de luxe proposent leurs modèles fantaisie. Grace Wales Bonner, fraîchement nommée directrice de création du prêt-à-porter masculin d’Hermès, excelle dans les pièces en perles peintes à la main par des artisans ghanéens. Tory Burch en place sur l’encolure bateau de ses tops ou sur le col de ses chemises et Miu Miu les pose en accumulation sur des vestes en laine. Les célébrités, et notamment les hommes, les ont aussi adoptées.
On en a vu sur les costumes de Sebastian Stan et de Colman Domingo aux Oscars, entre autres. Bad Bunny, A$AP Rocky, Dapper Dan ou encore Lewis Hamilton en ont porté lors de la cérémonie du Met Gala, en mai. L’actrice Zendaya en avait épinglé une dans son dos, un serpent signé Bulgari. Tout est possible : sur un blazer, une écharpe, un cardigan, un jupon… C’est le bijou qui a le plus changé de forme depuis sa création, comme simple dispositif permettant de fermer un vêtement – leur grande variété décuple ainsi l’envie de les collectionner.