Sans la silhouette angoissante des immenses tours calcinées et sans l’odeur de brûlé qui persiste dans l’air, malgré le vent, on pourrait presque croire que c’est un marché aux puces qui a envahi la grande esplanade carrelée de cette partie de la « ville nouvelle » de Taipo, au surlendemain du pire désastre qu’ait connu Hongkong depuis la seconde guerre mondiale.

Wang Fuk Court était un ensemble résidentiel subventionné composé de 8 tours de 31 étages, typique de l’urbanisme très dense et vertical de Hongkong depuis les années 1980. Le feu a commencé mercredi 26 novembre en milieu d’après-midi et a ravagé, en quelques heures, sept des huit tours qui abritaient près de 2 000 foyers. Il ne reste plus que les imposants squelettes de ces bâtiments, encore entourés par endroits d’échafaudages en bambou partiellement détruits, sur lesquels flottent de grands lambeaux de filets de protection.

Caisses de bouteilles d’eau, vêtements en vrac, cages à animaux de toutes tailles, stocks de chaussures neuves, tables de massage… Sur la place où tout le monde se retrouve, des rangées de grands cartons font office de stands et des centaines de volontaires rivalisent d’initiatives pour rendre service. « Nous aidons à distribuer des vêtements. Là-bas, c’est la section pour enfants ; ici, les sous-vêtements. Certains demandent des pantoufles, des serviettes de bain ou du savon… Ma copine et moi n’avons pas dormi depuis la nuit dernière. On vit loin d’ici mais on s’est tout de suite motivées pour venir », raconte Nancy, 36 ans, sourire triste sous son gros bonnet de laine. « Hongkong, c’est petit, on se sent proches les uns des autres. Des gens comme ceux qui ont été pris dans cet incendie et qui ont soudain tout perdu, parfois même la vie, on en connaît tous. La plupart des gens à Hongkong se disent que cela aurait pu être eux », ajoute son amie Nina.