En Inde, l’emprise tentaculaire du suprémacisme hindou

Un imposant SUV blanc s’avance vers une scène dressée spécialement pour l’occasion, à Nagpur, au cœur de l’Inde. Une escorte armée trottine aux côtés du véhicule dont s’extrait, sous le regard attentif de la foule, un petit homme rondouillard à la moustache blanche : Mohan Bhagwat, figure toute-puissante du Rashtriya Swayamsevak Sangh, l’Association des volontaires nationaux, connue sous le sigle RSS. Il n’occupe aucune fonction politique, mais ses paroles sont scrutées comme celles d’un chef d’Etat.

Voilà plus de quinze ans qu’il dirige le RSS, la plus vaste et la plus influente organisation du pays. Fondée dans les années 1920, cette nébuleuse de la droite nationaliste hindoue fête, ce 2 octobre, son centenaire. Pas de carte d’adhésion : ses rangs comptent plusieurs millions de « volontaires ». En un siècle, le mouvement a tissé sa toile à travers 40 filiales – syndicats, associations de bienfaisance, culturelles, médiatiques, religieuses, sportives – et s’est doté d’un parti politique, le Bharatiya Janata Party (BJP), dirigé par le premier ministre, Narendra Modi, au pouvoir depuis onze ans. Jamais le RSS n’a exercé une telle influence sur la vie politique et l’avenir de l’Inde.

Mohan Bhagwat, vêtu de la tenue emblématique du RSS – chemise blanche à manches courtes, pantalon marron, calot noir –, hisse le drapeau safran, couleur de l’hindouisme. D’un pas décidé, l’homme, âgé de 75 ans, monte sur l’estrade, face à près de 3 800 volontaires de Nagpur, parfaitement alignés et habillés comme lui. Plus de 10 000 personnes – sympathisants, invités, journalistes – participent à l’événement. Aux premières notes de la fanfare, un bras croisé sur la poitrine, tous entonnent le Prarthana, une prière en sanskrit : « Je m’incline devant toi pour toujours, ô patrie bien-aimée ! Ô patrie des hindous, tu m’as élevé dans le bonheur. Que ma vie, ô grande et bénie terre sainte, soit consacrée à ta cause. »

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