Marc Newson n’est pas au bureau. Le designer est « en route », nous précise son studio. Il prend donc le temps de répondre à nos questions, de sa voiture. Bien qu’il ait quitté sa ville natale de Sydney pour ouvrir son agence à Londres, en 1997, le plus britannique des Australiens n’a jamais perdu son accent. S’il accorde peu d’interviews, ses créations – qualifiées de « biomorphiques » et de « futuristes », mais reposant en réalité sur une approche classique du design, à partir du dessin et des savoir-faire industriels – parlent pour lui.
Aussi proche du design que de l’art et de la mode, l’Australien de 62 ans, à la tête d’une agence d’une dizaine de collaborateurs, œuvre à la manière d’un plasticien dans son atelier. Rien d’étonnant pour celui dont les premières pièces en métal furent conçues selon les techniques de formage de l’aluminium utilisées pour restaurer des Aston Martin, emblématiques voitures de sport de luxe.
Formé à l’orfèvrerie et à la joaillerie au Sydney College of the Arts, l’homme révèle qu’il n’a jamais vraiment pensé à devenir designer, ni eu de pairs dans le métier. « Je voulais juste faire des choses avec mes mains et je m’intéressais avant tout à la culture qui m’entourait, telle que celle qui prévalait en Australie, tournée autour du surf. La pratique a suivi… »
Son succès fulgurant, il le doit notamment à la présence, dans le clip Rain de Madonna (1993), de sa chaise longue Lockheed Lounge (1986), dont un exemplaire, cédé aux enchères pour 2,4 millions de livres (3,35 millions d’euros à l’époque) en 2015, est devenu la pièce la plus chère vendue par un designer de son vivant. Ont suivi des collaborations avec les plus grands noms du mobilier, de l’horlogerie, de l’aéronautique et des technologies.