Au Burundi, la lutte contre le sida brutalement percutée par l’arrêt des aides américaines : « On est dans une logique de survie »

Dans la petite salle aux murs bleus, Caritas hoche doucement la tête face à la médecin qui l’interroge. Oui, elle a bien pris ses médicaments pour se prémunir de la tuberculose. Oui, elle donne bien son traitement à son enfant.

La jeune femme de 26 ans (qui, comme la plupart des témoins cités dans cet article, n’a pas souhaité donner son nom de famille) est infectée par le virus de l’immunodéficience humaine (VIH), responsable du sida. Elle l’a appris au cours de sa grossesse. Sur ses genoux, sa fillette de 6 mois babille dans sa marinière à fines rayures et réclame le sein. Dans l’espoir de ne pas lui transmettre le virus, Caritas ne rate pas un rendez-vous au centre Turiho de l’association ANSS-Santé plus, premier lieu de dépistage et de prise en charge de personnes vivant avec le VIH de Bujumbura, la capitale économique du Burundi. Un refuge aujourd’hui menacé par la réduction drastique de l’aide internationale décidée par de nombreux pays riches, Etats-Unis en tête.

Dans ce petit Etat de la région des Grands Lacs, l’un des plus pauvres du monde, environ 1 % des 14 millions d’habitants vit avec le virus du sida, 1 200 en sont morts en 2023, selon les estimations de l’Onusida, le programme commun des Nations unies sur le VIH/sida. Chez Caritas, la charge virale est désormais indétectable. Elle était venue se faire dépister au centre Turiho après qu’une voisine l’avait prévenue que son mari voyait d’autres femmes, dont une soupçonnée d’être séropositive. Un test a confirmé ses craintes. « Apprendre une telle nouvelle, c’est bouleversant, confie Caritas en kirundi – qui est, avec le français, la langue du Burundi –, un foulard coloré noué autour de la tête. Mais je ne l’ai pas encore dit à mon mari. »

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