« Les progrès accomplis depuis quarante ans » dans la lutte contre le VIH sont « en péril », alerte le Conseil national du sida et des hépatites virales (CNS). A l’occasion de la journée mondiale de lutte contre le sida, lundi 1er décembre, le CNS appelle à « une remobilisation urgente des pouvoirs publics », face à la baisse des financements publics dans le monde comme en France. « Au cours des derniers mois, le paysage de la lutte contre le VIH/sida a été profondément fragilisé en France et [dans le monde], avec la réduction des financements et des difficultés croissantes d’accès à la prévention et aux soins », relève-t-il dans un communiqué.
Dans le monde, rappelle également le CNS, la baisse des financements alloués par les Etats-Unis mais aussi d’autres pays, dont la France, parmi les principaux donateurs au Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, « menace les programmes de lutte contre le VIH et pourrait provoquer une hausse de plusieurs millions d’infections par le VIH et de décès évitables dans les pays à ressources limitées ».
L’absence de promesse de dons de la France au dernier sommet du Fonds mondial, comme l’absence d’Emmanuel Macron à cet événement, à Johannesburg, en Afrique du Sud, a récemment alimenté les critiques d’associations, comme Sidaction et Aides.
D’autant que des innovations, comme des traitements préventifs (PrEP) injectables à longue durée d’action, constituent une opportunité pour renforcer la prévention et atteindre l’objectif d’une fin de la pandémie à l’horizon 2030, selon nombre d’experts du sida.
En France, « la baisse notable des financements publics alloués aux associations réduit les actions de prévention et d’accompagnement des personnes malades et se traduit aussi par la disparition de structures locales ou régionales », alerte le CNS, instance indépendante chargée depuis 1989 d’éclairer les pouvoirs publics.
Or la prévention est à renforcer : bond des découvertes de séropositivité chez les 15-24 ans depuis une dizaine d’années, baisse de l’usage du préservatif chez les jeunes, recours insuffisant à la PrEP, risques de contamination accrus par le chemsex.
« Parallèlement, l’accès aux soins et aux droits pour les groupes sociaux en situation de vulnérabilité reste problématique. Les dispositifs d’Aide médicale d’Etat (AME) et de droit au séjour pour raisons médicales ont été à plusieurs reprises menacés de restrictions », pointe le CNS, qui appelle donc à « une remobilisation urgente des pouvoirs publics ».