« Nos graines, notre nourriture ! » « Les droits des fermiers sont plus forts que les profits ! » « Les fermiers ne peuvent pas être vaincus ! » Il est un peu plus de 14 h 30, jeudi 27 novembre, et la trentaine de petits agriculteurs kényans réunis dans la banlieue nord de Nairobi explose d’une joie soudaine, presque enfantine. Certains se mettent à danser. D’autres chantent en claquant des mains.
Quelques minutes plus tôt, lors d’un verdict rendu en ligne, une juge a déclaré que la loi sur les semences et les variétés végétales, qui interdit aux petits exploitants agricoles d’utiliser, de commercialiser ou d’échanger leurs semences locales, était inconstitutionnelle. Une première.
Cette loi de 2012 prévoyait deux ans de prison et 1 million de shillings kényans (6 675 euros) d’amende pour les personnes n’utilisant pas les graines certifiées et labellisées par les autorités.
Peninah Ngahu, 58 ans, cultive des patates douces, de la canne à sucre et de la marante dans sa ferme de Nakuru, dans l’ouest du pays. « Cette loi était une humiliation, une intimidation et une discrimination », explique-t-elle. « Nous nous battons depuis 2015 pour avoir le droit de continuer à utiliser les semences que nous avons héritées de nos parents et de nos grands-parents. »