Les socialistes, interlocuteurs de premier plan du premier ministre dans les discussions relatives aux budgets, ont assuré, lundi 1er décembre, se rapprocher d’un compromis à propos de celui de la Sécurité sociale, qui revient à l’Assemblée nationale à partir de mardi.
Le premier secrétaire du Parti socialiste (PS), Olivier Faure, accompagné du chef de file des députés socialistes, Boris Vallaud, et de celui des sénateurs, Patrick Kanner, ainsi que de plusieurs autres élus, est ressorti avec une impression positive de son entretien de près d’une heure et demie avec Sébastien Lecornu, lundi. « Nous pouvons dire que nous progressons, que nous sommes dans une approche qui peut permettre d’aboutir à un compromis », même si « nous n’en sommes pas encore là », a affirmé M. Faure à l’issue du rendez-vous, ajoutant : « Nous jugerons en fonction de ce qui nous est présenté in fine. »
Plusieurs ministres participaient à la rencontre : Roland Lescure (économie), Amélie de Montchalin (comptes publics), Jean-Pierre Farandou (travail), Stéphanie Rist (santé) et Laurent Panifous (relations avec le Parlement).
Le premier ministre a échangé juste après avec les responsables du Parti communiste français (PCF). Il rencontrera les représentants des Ecologistes mardi et ceux du Rassemblement national mercredi, après avoir vu ceux du groupe LIOT et des Républicains (LR) la semaine dernière. Le premier ministre a, par ailleurs, prévu des rencontres avec plusieurs organisations patronales et syndicales (le Medef, la CFDT, FO) et discutera avec des parlementaires à propos de la défense et de l’énergie, thèmes-clés du budget de l’Etat.
Le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) revient en séance mardi à l’Assemblée nationale dans la version transmise par le Sénat, assez éloignée de celle des députés, puisque les sénateurs en ont rejeté la mesure phare, la suspension de la réforme des retraites, principale condition posée par les socialistes pour ne pas censurer le gouvernement.
Le Sénat a aussi écarté une piste de recettes arrachée de haute lutte par les socialistes, à savoir la hausse de la CSG sur les revenus du capital. Un premier vote concernant la partie « recettes » est attendu au cours de la semaine, et le vote sur l’ensemble du texte, le 9 décembre.
Samedi, la commission des affaires sociales a rejeté le projet de budget, LR votant contre, tandis que le PS s’est abstenu. « On est assez loin d’un accord », a convenu le président de la commission, Frédéric Valletoux, dont le groupe Horizons devrait hésiter en séance entre vote contre et abstention. Le vote de la commission ne préjuge pas forcément de la suite, mais il témoigne de l’étroitesse du chemin, avec un PS frileux et surtout un « socle commun » de plus en plus timoré.
Alors que tout indique que LFI et l’alliance RN-UDR voteront contre, il faudrait pour que ce budget soit adopté que les groupes de la coalition gouvernementale l’approuvent, et qu’au minimum le PS et les Ecologistes s’abstiennent. Ou bien que le PS vote pour, alors que les Ecologistes semblent de plus en plus tentés de voter contre.
Outre la suspension de la réforme des retraites, les socialistes ont souhaité lundi que les prestations sociales et les pensions de retraite « ne soient pas gelées » et que le doublement des franchises médicales « ne soit pas appliqué », a précisé M. Faure. La négociation est « âpre ». « Nous voulons à la fois sauver la sécu et faire en sorte que le fait de la sauver ne passe pas par des mesures d’économies sur les plus modestes », a résumé le premier secrétaire du PS.
Les responsables socialistes sont aussi venus avec un message politique adressé aux groupes qui soutiennent le gouvernement, dont M. Vallaud a souligné la « grande dispersion ». « Il faut que la responsabilité soit dans tous les camps. Ça ne peut pas être le seul apanage des socialistes », a souligné lundi M. Faure.
De fait, LR montre peu d’empressement à soutenir le texte : « A l’heure où je vous parle (…), j’ai très envie de ne pas voter ce budget de la Sécurité sociale », a déclaré le rapporteur général du budget de l’Etat, Philippe Juvin.
Si le gouvernement est décidé à obtenir un vote sur le budget, la petite musique du 49.3 se fait de plus en plus insistante, au PS comme chez LR. Mais elle n’a pas été abordée lors de l’échange entre le premier ministre et les socialistes.