Des hommes armés ont enlevé plus de 30 personnes lors de trois attaques dans les Etats de Kano et de Borno dans le nord du Nigeria au cours du week-end, alors qu’une vague d’enlèvements secoue actuellement le pays, avec plus de 400 Nigérians enlevés au cours des quinze derniers jours.
Selon un rapport d’experts travaillant pour les Nations unies et consulté par l’Agence France-Presse (AFP) lundi 1er décembre, des bandes criminelles lourdement armées, communément appelées « bandits », ont enlevé « au moins 25 habitants » lors de deux attaques contre les villages d’Unguwar Tsamiya et de Dabawa dans l’Etat de Kano.
Cet Etat, l’un des plus stables du nord du pays, est habituellement épargné par les enlèvements de masse observés dans les Etats voisins, depuis longtemps en proie à de graves troubles sécuritaires, avec une insurrection djihadiste dans le Nord-Est et des bandes criminelles dans le Nord-Ouest et le Centre, qui mènent des attaques, pillages et kidnappings en particulier dans les zones rurales reculées.
Dans l’Etat du Borno, dans le Nord-Est, épicentre d’une insurrection djihadiste depuis 2009, neuf agriculteurs ont été enlevés par des djihadistes présumés, a déclaré Tijjani Ahmed, un commandant de la Force opérationnelle conjointe civile (CJTF), un groupe d’autodéfense antidjihadistes. « Nous avons découvert que les forces de police ont échangé des tirs avec les assaillants. Malheureusement, les insurgés ont ensuite réussi à enlever neuf agriculteurs », a-t-il expliqué, précisant que l’attaque avait eu lieu dans la nuit de dimanche 30 novembre à lundi 1er décembre.
Les enlèvements contre rançon par des groupes armés sont devenus très fréquents au Nigeria depuis l’enlèvement en 2014 de 276 écolières dans la ville de Chibok (Nord-Est) par des djihadistes du groupe Boko Haram. Face à leur recrudescence, le président nigérian, Bola Tinubu, a décrété mercredi l’état d’urgence sécuritaire national et ordonné le recrutement de forces de sécurité supplémentaires.
Les statistiques sur les enlèvements sont difficiles à établir, de nombreux cas n’étant pas signalés. Mais au cours des douze mois allant de juillet 2024 à juin 2025, au moins 4 722 personnes ont été kidnappées lors de 997 incidents au Nigeria, et au moins 762 ont été tuées, selon un récent rapport de la société de conseil en sécurité SBM Intelligence. Il précise que les ravisseurs ont obtenu quelque 2,57 milliards de nairas (environ 1,53 million d’euros) de rançon.