Emmanuel Macron a martelé, mardi 2 décembre, en conseil des ministres qu’il n’avait « jamais » envisagé de créer un « label d’Etat » pour les médias, et « encore moins de ministère de la vérité », comme l’en accusent des médias de Vincent Bolloré, la droite et l’extrême droite. « Le gouvernement ne va pas créer tel ou tel label destiné à la presse. Ce n’est pas, ce ne sera jamais son rôle de le faire », a dit le chef de l’Etat, selon les propos rapportés devant la presse par la porte-parole du gouvernement, Maud Bregeon.
Le président de la République « n’a jamais affirmé cela et n’a jamais tenu ces propos », a-t-elle insisté. « Il y a des initiatives prises par la presse, portées notamment dans les Etats généraux de l’information », mais « non, le gouvernement ne va pas créer tel ou tel label destiné à la presse ».
A Arras, face aux lecteurs de la Voix du Nord, le 19 novembre, Emmanuel Macron avait évoqué ce projet d’un « label », porté « par des professionnels » des médias, pour « distinguer les réseaux et les sites qui font de l’argent avec de la pub personnalisée et les réseaux et les sites d’information ». Mais ce n’est pas au gouvernement de dire « ceci est une information, ceci n’en est pas », a-t-il assuré, invoquant une initiative de labellisation lancée par l’ONG Reporters sans frontières avec la Journalism Trust Initiative. « C’est pas l’Etat qui doit vérifier », sinon « ça devient une dictature », a-t-il souligné la semaine dernière à Mirecourt (Vosges).
Mais des médias du groupe du milliardaire ultraconservateur Vincent Bolloré, relayés ensuite par les chefs de la droite et de l’extrême droite, se sont emparés du débat pour accuser le président de vouloir mettre en place un « ministère de la vérité » et dénoncer une « dérive totalitaire ». L’Elysée avait déjà réagi lundi soir dans une vidéo sur X, déplorant que « parler de lutte contre la désinformation suscite la désinformation ».
Le patron des Républicains, Bruno Retailleau, et son prédécesseur Eric Ciotti, qui s’est allié au Rassemblement national, ont tous deux lancé mardi leur propre pétition contre la supposée création d’un « label d’Etat » pour la presse. « Pour préserver la liberté d’expression, non au projet de labellisation des médias », a écrit l’ancien ministre de l’intérieur sur X.
Le texte de la pétition dénonce « une dérive dangereuse » et fustige « une nouvelle offensive lancée contre les médias qui déplaisent à la doxa progressiste ». M. Retailleau s’affiche ainsi en défenseur des titres du groupe Bolloré qui, à l’image du Journal du dimanche, dénoncent une volonté du chef de l’Etat de « mettre au pas » la presse « qui ne pense pas comme lui ».
Le patron de l’Union des droites pour la République, Eric Ciotti, dénonce dans sa pétition l’instauration d’un « label professionnel pour désigner les médias dignes de confiance ». « Cette initiative est une dérive illibérale majeure et un scandale d’Etat qui menace directement la liberté de la presse et le pluralisme en France », écrit-il.