« Nous devons beaucoup à la France, mais nous sommes arrivés au bout, on ne se voit plus du tout vieillir ici » : ces Français juifs qui s’expatrient en Israël

La première rencontre avec Eléonore et Raphaël remonte à la fin de l’été, dans un hôtel de Tel-Aviv. Le couple, tout juste trentenaire, venait de faire ses adieux à la famille du jeune homme, repartie vers la France après deux semaines en Israël. Eux restaient encore un peu, le temps pour Raphaël de se prêter à des entretiens d’embauche. Des vacances ? Un peu, mais pas seulement. Pour les époux, comme pour les parents du garçon et leur fils cadet, le séjour était une manière d’avancer sur le chemin de l’alya, autrement dit d’une installation en Israël. Aussitôt que Raphaël aura trouvé du travail dans le domaine de l’intelligence artificielle (IA), il partira s’installer à Tel-Aviv, où Eléonore, qui est comédienne, a déjà un agent.

Surdiplômés, enthousiastes et plongés dans l’étude de l’hébreu depuis des mois, les conjoints seront rejoints, à plus ou moins brève échéance, par les parents du jeune homme. Déjà occupés à chercher un appartement, ceux-ci pourraient à leur tour entraîner dans leur émigration le dernier des enfants, un kinésithérapeute de 25 ans, qui n’exclut pas de leur emboîter le pas. De proche en proche, c’est donc toute une parentèle qui s’embarquerait, sous l’effet de l’inquiétude et de la déception. Car ils en sont convaincus, quoique à des degrés divers : cette France qu’ils disent aimer ne les désire plus, et pourrait même, un jour, finir par les rejeter. Avant leur départ effectif, aucun d’entre eux n’a voulu que son nom soit rendu public. A leur demande, les prénoms ont été changés.

Comme eux, plusieurs centaines de Français choisissent, chaque année, de s’établir dans un pays où une loi dite « du retour » permet à toute personne pouvant prouver sa judéité de devenir un citoyen israélien. L’Agence juive, qui assure l’interface entre ces candidats à l’immigration et l’Etat hébreu, a enregistré 3 121 départs depuis novembre 2024. Soit plus que les 1 800 à 2 000 de l’année précédente, mais nettement moins que les quelque 7 300 départs observés en 2015. D’après Emmanuel Sion, directeur pour la France de cet organisme parapublic israélien, la majorité des futurs olims (les immigrants juifs en Israël) se décident « par sionisme, et non sous l’effet de la peur de l’antisémitisme ».

Recomendar A Un Amigo
  • gplus
  • pinterest
Commentarios
No hay comentarios por el momento

Tu comentario