Dans cette petite rue d’Angers, à un jet de pierre de la rivière de la Maine, deux grandes fenêtres sur rue sont obturées par d’imposants panneaux de bois. Au Moyen Age s’y trouvait une tannerie avec son puits intégré, d’où l’on puisait l’eau de ce confluent de la Mayenne et de la Sarthe. Aujourd’hui, on peut lire sur le mur une simple inscription : « ébéniste ». Tel est le métier que revendique Jean-Brieuc Chevalier. Pourtant, cet artisan tout juste quadragénaire est déjà connu pour sa pratique singulière du décor sur bois. A l’intérieur, une poussière dorée danse dans la pièce, tandis que vient vous accueillir une imposante et affectueuse boule de poils noirs. « Il s’appelle Orsay et a été recalé à son examen de chien d’aveugle, alors je l’ai gardé », explique le maître des lieux, un tantinet intimidé.

Une fois traversée cette pièce avec ses deux bureaux face à face – le sien et celui de sa secrétaire –, Jean-Brieuc Chevalier vous conduit au cœur de la ruche, dans un grand atelier inondé d’une lumière zénithale. Ce sont, sur trois étages en mezzanine, des machines de découpe et de ponçage du bois au rez-de-chaussée, un studio de dessin et la cabine à vernis au deuxième, puis le stockage de panneaux de placage dans diverses essences de bois (chêne, noyer, peuplier, etc.) au troisième.