Voilà un film qui vient des tréfonds de l’âme, réalisé par une cinéaste initiée à la magie noire. Que ma volonté soit faite, deuxième long-métrage de Julia Kowalski, sorti de la cuisse d’un moyen-métrage multiprimé, J’ai vu le visage du diable (2023), fait partie de ces œuvres très personnelles aux références enfouies, aux sous-couches intimes, cinéphiliques.
Le scénario n’en est que l’écume : dans une ferme, la jeune Nawojka (Maria Wrobel), fille d’un paysan polonais (Wojciech Skibinski) installé en France, pense être possédée par un pouvoir qui lui viendrait de sa mère défunte. Elle est saisie de sombres pulsions dès qu’elle ressent du désir. Le retour au pays de Sandra, beauté vénéneuse – Roxane Mesquida, comme échappée de Crash (1996), de Cronenberg, avec attelle et cicatrice –, perturbe le voisinage, qui n’y voit pas un bon signe. Sandra vient vider la maison de ses parents, décédés. Elle sent le sexe et la mort.
Les unes après les autres, des vaches rendent leur dernier souffle dans des flaques blanchâtres – une succession de tableaux mystérieux, vibrant sous le grain 16 millimètres. Mêlant plans-séquences et visions fugitives, la caméra filme les corps au travail, les échanges de regards, le sol boueux, dans un cadre naturaliste qui peu à peu se trouve contaminé par l’état d’angoisse de Nawojka, et les morts subites d’animaux.