Dans le golfe du Lion, des merlus toujours en péril et des pêcheurs à la peine

Telle une lanterne agitée dans la nuit, le Raymond-Elise IV est ballotté sur les flots noirs de la Méditerranée. Les vagues ont commencé à chahuter la coque du chalutier de 24,70 mètres à sa sortie de l’embouchure du fleuve Hérault, un peu avant 3 heures du matin. En ce mois de novembre, Jean-Marie Nouguier n’attend pas de la Grande Bleue une pêche généreuse. « Il faut qu’il y ait du vent du sud-est pour que le poisson qui est sur la côte s’en écarte. Et là, c’est le contraire », remarque le patron du navire depuis la passerelle vitrée.

Sur le pont, quatre matelots enveloppés dans leurs cirés – dont son fils de 25 ans – s’apprêtent à mettre à l’eau le chalut de fond que le navire va remorquer plusieurs heures durant au fond de la mer. Parmi les espèces bientôt prises au piège de l’engin, un poisson argenté emblématique : le merlu européen. Dans les ports occitans, dont celui du Grau d’Agde (Hérault), où l’équipage du Raymond-Elise IV ramènera ses produits l’après-midi, on surnomme « merlan » ces vertébrés aux corps allongés, qui se sont raréfiés. « Cette année, on dirait qu’il y en a plus, estime Jean-Marie Nouguier. Mais ça reste très peu. »

Une quinzaine d’années après les premières évaluations menées par l’Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer (Ifremer), déjà inquiétantes, la population de merlus du golfe du Lion est toujours considérée comme « effondrée ». A la pression exercée par les pêcheries, qui s’est intensifiée à partir des années 1970, est venue s’ajouter une hausse de la mortalité des larves de merlus. En lien avec le changement climatique et le réchauffement de la Méditerranée, le zooplancton est devenu moins nutritif, ce qui l’a « sans doute rendu moins intéressant pour le jeune merlu », suggère Grégoire Certain, chercheur à l’Ifremer.

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