En entreprise, l’imprimante figure ce totem physique autour duquel tout le monde se retrouve à un moment ou à un autre. Avec ses nombreux réglages, ses innombrables boutons, ses caissettes de chargement, elle a tout de l’objet qui en impose, mais nous reste, dans le fond, étranger. Récemment, c’est une collègue qui est venue à mon secours pour effectuer un scan et, sans elle, je serais sans doute encore en train de m’interroger devant cette constellation de touches mystérieuses.
« Quelque chose nous échappe. Nous sentons bien que si ces objets nous rendent de grands services dans la vie quotidienne, nous savons en réalité bien peu de choses sur la manière dont ils fonctionnent. C’est comme si ces objets ne nous étaient pas adressés. Ils sont là parmi nous, sans être véritablement avec nous », écrivent Matthieu Raffard et Mathilde Roussel dans leur ouvrage Bourrage papier. Leçons politiques d’une imprimante (Les Liens qui libèrent, 272 pages, 20 euros). Faut-il alors se satisfaire de ce déficit de communication ?
Comme souvent avec les objets techniques, les premiers questionnements surgissent au moment d’une panne. « FatalError 0040. » Une impression devenue impossible qui nécessite l’intervention d’un technicien spécialisé, afin de changer la pompe à encre d’une Epson Stylus Pro 4900. C’est à ce moment-là, où, par sa dysfonction, l’objet se signale à l’attention, que les auteurs s’aperçoivent qu’ils sont non seulement dans l’impossibilité de le réparer eux-mêmes, mais plus encore de le comprendre.