Dans le dernier film de Paul Thomas Anderson, Une bataille après l’autre, le personnage de Willa, interprété par Chase Infiniti, apparaît vêtu d’un blouson en cuir noir et d’une jupe en soie bleue, lors de son kidnapping par un suprémaciste blanc. Un Perfecto décrit comme une « armure de combat » par l’édition américaine du magazine Elle, qui rapporte que la costumière du film, Colleen Atwood, l’a notamment choisi en clin d’œil à Grease (1978) et à la culture des bikeurs des années 1950.
Pièce connotée, le blouson en cuir convoque d’emblée tout un imaginaire – et une flopée d’icônes qui ont renforcé sa charge rebelle, de Marianne Faithfull à Marlon Brando en passant par Patti Smith. Difficile de passer incognito habillé d’une « hero jacket ».
Dans le cadre de la promotion de son nouveau livre intitulé The Look (Mitchell Beazley, 2025), Michelle Obama s’est rendue au « Late Show with Stephen Colbert » vêtue d’une veste en cuir noire, légèrement oversize, ce qui lui a valu instantanément plusieurs mentions dans la presse.
Dans un autre registre, Jensen Huang, président de Nvidia (leader mondial des microprocesseurs destinés à l’intelligence artificielle), a fait du blouson de cuir sa signature visuelle, là où Mark Zuckerberg a longtemps privilégié les sweats à capuche, et Bill Gates les pulls simples portés par-dessus une chemise.
Le magazine américain Fortune consacrait, en mars de cette année, un article entier aux vestes de bikeur du milliardaire, dont certaines sont griffées Tom Ford. On y apprend que des observateurs ont tenté d’établir une corrélation entre le prix des vestes en cuir de Huang (frôlant en général les 10 000?euros) et la performance boursière de Nvidia – constatant une baisse du cours de l’action lorsque le patron arborait un blouson moins coûteux. Sans en conclure, cependant, quoi que ce soit.
Classique des vestiaires, le blouson de cuir revient cet hiver sur le devant de la scène mode, dans une multitude de versions. La tendance ne se limite pas à un style particulier, et s’affirme comme protéiforme – autrement dit, on élargit le spectre pour que tout le monde s’y retrouve, dans une quête d’audience maximale. Vogue a ainsi passé en revue toutes les possibilités du moment : bomber, aviateur, blazer, veste à col montant ou en peau de mouton retournée, Perfecto, blouson de motard, veste au cuir patiné, zippée ou dépouillée de tout ornement, trench-coat…
On retiendra le modèle très cinématographique d’Anthony Vaccarello pour Saint Laurent, qui a opté pour le duo blouson de cuir-jupe ballon, très couture. Ou encore le modèle aviateur rembourré du designer néerlandais Duran Lantink, qui apparaît comme gonflé à l’hélium, capable d’amortir les chocs. Une armure de cuir, au sens le plus littéral.