« Les principes du droit international ne sauraient être sacrifiés sur l’autel de l’opportunisme politique »

A quoi sert le droit international ? La question n’est pas nouvelle et l’actualité est assurément de nature à faire naître des doutes chez les plus optimistes. Pourtant, s’il est légitime de douter, l’idée que le droit n’a pas de rôle à jouer dans la résolution des crises qui bouleversent aujourd’hui la planète est non seulement fausse mais aussi extrêmement dangereuse.

Bien sûr, nul ne peut ignorer les violations dont le droit international a de tout temps été l’objet. Les guerres, les violations des droits humains, les crimes contre l’humanité et les accusations de génocide sont toujours au cœur du débat public, et le droit international n’est assurément pas toujours satisfaisant, ou efficient. De là, il ne saurait pourtant découler qu’il est inutile.

Une première observation tient à la fréquence des violations du droit international, qui ne doit pas être exagérée. Certes, toute violation du droit présente en soi un caractère insupportable, et plus encore lorsque ces violations affectent la survie de milliers de personnes. Pourtant, quelle que soit la gravité de ces cas, cela n’implique pas qu’ils sont nombreux : pour un cas de violation, combien de cas d’application scrupuleuse ? Pour une guerre, combien de relations pacifiques ?

Le calcul est relativement simple : il existe approximativement 200 Etats, soit près de 20 000 relations bilatérales. Aujourd’hui, il n’y en a pas dix qui présentent un caractère belliqueux. Toutes les autres sont pacifiques. Assurément, cela n’enlève rien au drame que représentent ces dix violations et à la nécessité impérieuse d’y trouver une solution. Toutefois, ce chiffre conforte plutôt l’idée de la pertinence du droit international et la nécessité de le renforcer plutôt que de le remettre en cause et de l’affaiblir.

Une seconde observation tient au rappel du fait que, contrairement à une idée tenace, le droit international n’est pas moins respecté que les autres droits : le code du travail et le code pénal – pour ne rien dire du code de la route – font l’objet de violations nombreuses et quotidiennes, souvent impunies. Qui pour autant songerait, sous prétexte des crimes qui continuent à être commis, à conclure que le code pénal ne sert à rien et doit être laissé de côté ? De ce point de vue encore, les violations du droit international appellent son renforcement plutôt que son abandon.

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