La série d’admonestations est sans précédent. En l’espace de trois jours, deux ambassadeurs européens ont été convoqués par les autorités de Tunis. Motif : leur « non-respect des règles diplomatiques ». La première réprimande a été adressée le 25 novembre par le chef d’Etat tunisien lui-même, Kaïs Saïed, à l’ambassadeur de l’Union européenne (UE) en Tunisie, Giuseppe Perrone, invité à se rendre au palais présidentiel de Carthage pour essuyer la leçon.
Le 27 novembre, c’était au tour de l’ambassadrice des Pays-Bas, Josephine Frantzen, de se faire tancer par le ministre tunisien des affaires étrangères, Mohamed Ali Nafti. Au-delà de l’invocation générale des « règles diplomatiques » prétendument bafouées, aucun détail n’a été officiellement fourni sur la raison réelle du courroux de Tunis contre les agissements de M. Perrone et Mme Frantzen.
Les observateurs de la scène tunisienne relèvent toutefois que l’ambassadeur de l’UE avait rencontré, le 24 novembre, soit la veille de sa convocation, le secrétaire général de l’Union générale tunisienne du travail (UGTT), le principal syndicat du pays qui a joué rôle politique de premier plan dans l’histoire de la Tunisie indépendante. A l’heure où les relations entre l’UGTT et M. Saïed sont plus que tendues, l’initiative de M. Perrone a visiblement ulcéré la présidence tunisienne. Quant à Mme Frantzen, elle aurait rencontré une figure de l’opposition tunisienne, suscitant la colère du palais de Carthage.