Le Festival international de la bande dessinée d’Angoulême n’est pas le seul monument du 9e art en péril. Pionnière de la BD alternative, L’Association vit actuellement une période critique sur le plan financier. Ses responsables ont dû se résoudre à ouvrir une cagnotte en ligne afin de faire face à ses défauts de trésorerie, comme l’ont fait avant elle plusieurs autres maisons d’édition indépendantes. La crise qui affecte le secteur du livre – en baisse de 14,5 % au premier trimestre 2025, selon GfK – touche de plein fouet les petites structures indépendantes.
Entre 2023 et 2024, L’Association a vu son chiffre d’affaires chuter d’environ 20 %. « L’appel aux dons est apparu comme la seule solution, indique Pierre-François Beauchard, alias David B., l’un de ses fondateurs. Ce choix n’est pas simple dans un contexte où les contributeurs sont très sollicités. Pour nous soutenir, certains préfèrent d’ailleurs acheter des albums, ce qui est très encourageant : notre vocation est en effet de vendre des livres, pas de quémander. »
Créée en 1990 par sept auteurs, L’Association a dynamité les codes de l’écriture dessinée en explorant les terrains de l’autobiographie et du roman graphique. Adossé à un fonctionnement démocratique plaçant l’auteur au centre des décisions, son parti pris éditorial lui a valu de très beaux succès de librairie : Persepolis, de Marjane Satrapi, La Guerre d’Alan, d’Emmanuel Guibert, Pyongyang, de Guy Delisle, ou L’Ascension du Haut Mal, de David B. Véritable trésor de guerre, ce fonds de librairie a longtemps permis à « L’Asso » de faire face aux fluctuations du marché du livre, tout en publiant des albums exigeants, non formatés, en noir et blanc le plus souvent.