Le Sénat a largement adopté, jeudi 4 décembre, la partie « recettes » du projet de budget de l’Etat pour 2026, après l’avoir largement remaniée par rapport à la copie initiale du gouvernement, supprimant notamment plusieurs milliards d’euros de hausses de prélèvements.
La Chambre haute, dominée par la droite et ses alliés centristes, a voté ce volet par 198 voix contre 105, confirmant la solidité de sa majorité, qui entend désormais trouver des économies supplémentaires dans la partie dépenses. A l’Assemblée nationale, cette partie du budget avait été rejetée à la quasi-unanimité.
« Ce vote va nous permettre de continuer à examiner le budget », a salué le ministre délégué aux comptes publics, David Amiel. « Parce que, chacun le sait, en l’absence de budget, nous serions tous condamnés au pire, c’est-à-dire à assister, impuissants, à l’explosion des déficits », a-t-il ajouté.
Alors que les députés examinent le budget de la Sécurité sociale dans des débats plus sensibles encore, les sénateurs s’attaquent désormais à la partie consacrée aux dépenses du budget de l’Etat, avant un vote final prévu le 15 décembre.
Ils auront fort à faire pour tenir le cap d’un déficit à 4,7 % du produit intérieur brut (PIB) en 2026 (contre 5,4 % en 2025), objectif initial du gouvernement. En effet, les votes lors de l’examen de la première partie du projet de loi de finances (PLF) ont dégradé le solde financier de 7,7 milliards d’euros, selon le chiffrage présenté par le gouvernement, jeudi. Soit un déficit provisoire à 5,1 % du PIB.
La droite sénatoriale assume néanmoins ce choix de privilégier les baisses de dépenses aux hausses de fiscalité. Le budget gouvernemental « est un mauvais budget », car « il a recours à la facilité, celle d’une hausse de la fiscalité plutôt que des économies structurelles », s’est justifié le sénateur Les Républicains Albéric de Montgolfier.
Ainsi, entre autres mesures, le Sénat s’est opposé à la surtaxe des grandes entreprises, qui devait rapporter 4 milliards d’euros en 2026, et a nettement réduit la portée de la taxe gouvernementale sur les holdings patrimoniales.
Jeudi, la majorité sénatoriale a, par ailleurs, procédé à de nouvelles délibérations pour corriger certains votes survenus ces derniers jours, suscitant de vives critiques à gauche. « L’intransigeance de la majorité sénatoriale a de quoi décontenancer, alors que nous n’avons de cesse d’appeler au compromis », a regretté le socialiste Thierry Cozic.
L’ensemble de la gauche s’est opposé à ce volet « recettes » remanié, tandis que la droite, les centristes et le groupe macroniste ont voté pour. Plus étonnant, le groupe des Indépendants, à majorité Horizons, s’est abstenu, son représentant, Emmanuel Capus, ayant regretté auprès de l’Agence France-Presse que le Sénat n’aille « pas assez loin » sur la baisse de la fiscalité.
Ce vote n’est qu’un point d’étape dans un marathon budgétaire en cours dans les deux Chambres du Parlement, l’adoption d’un budget avant la fin d’année restant toujours très incertaine.