Ma passion pour les parfums et les douceurs remonte à mon enfance, à Nantes, où je suis née. L’un de mes souvenirs gustatifs les plus marquants était les macarons, chez ma grand-mère maternelle. C’était une dame très chic et gourmande. Les après-midi où j’étais chez elle, elle recevait souvent ses amies pour jouer au bridge et achetait pour l’occasion des macarons chez Coutant, un pâtissier chocolatier renommé à Nantes. J’avais le droit d’en croquer un ou deux et je m’en délectais, en essayant d’en distinguer les subtils parfums.
J’étais aussi amie avec la fille d’un des meilleurs pâtissiers de la ville, Jamin. Quand elle m’invitait chez elle, on mangeait des gâteaux incroyables que son père rapportait. Parfois, elle m’emmenait dans les chambres froides et me disait de prendre ce que je voulais. J’étais comme une folle, projetée dans l’univers de Willy Wonka. J’avais 10 ans, mais je crois que tout cela s’est gravé en moi et a développé mon rapport au très bon.
A la maison, on mangeait bien, des choses simples et nourrissantes. Ma mère cuisinait tous les jours pour nous, même le midi (je n’ai jamais mis les pieds à la cantine), des plats au beurre et à la crème, des gratins, de la truite aux amandes… Mais ce qui m’intéressait surtout, c’était les desserts. J’étais un véritable bec sucré. Je passais des heures à lire des livres de pâtisserie. A 16 ans, j’ai aussi rêvé d’être nez, parce que les parfums me passionnaient, mais j’ai vite abandonné, à cause du côté scientifique très exigeant.
Influencé par mon père architecte et parce que j’aimais dessiner, j’ai suivi des études d’histoire de l’art, mais, vers la fin de mon cursus, j’ai été rattrapée par la gourmandise. Je me suis lancée dans la critique gastronomique, pour passer du temps dans les restaurants, ce que j’avais très peu fait enfant. J’ai travaillé pour le Gault & Millau pendant cinq ans, puis j’ai commencé à écrire sur la cuisine dans différents magazines. J’ai commis plusieurs guides de restaurants et de pâtisseries, et une série télévisée pour Arte, « Repas de fête », avec le chef Michel Roth.
Après la pandémie, à 40 ans, j’avais la sensation d’avoir fait le tour de ce métier. La parfumerie m’attirait toujours, je voulais la mêler à la gastronomie. C’est ainsi qu’est venue l’idée d’ateliers sensoriels autour d’une saveur ou d’un parfum spécifiques. J’ai soumis l’idée à ma communauté Instagram et cela a plu tout de suite.
Mon premier atelier portait sur la vanille, mon épice favorite. J’ai réuni une dizaine de personnes pour leur faire sentir, goûter, observer des déclinaisons sensorielles autour de la vanille, puis de la fleur d’oranger, du cacao, de la pistache, des agrumes, des fleurs, des amandes…
L’idée est d’affiner son goût et son odorat, de voyager, mais aussi d’échanger autour des senteurs. Je passe mon temps à explorer de nouveaux goûts et de nouveaux produits, mais rien ne vaut, pour moi, les œufs au lait et à la vanille de ma grand-mère. Une recette très simple, intemporelle, universelle et divinement parfumée.