Le Mouvement du 23 mars (M23), soutenu par l’armée rwandaise, a rapidement progressé, lundi 8 décembre, dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC) et menace désormais la ville d’Uvira, aux portes du Burundi voisin où des centaines de soldats congolais et burundais en fuite se sont réfugiés.

Le ministère des affaires étrangères burundais a dénoncé dans un message sur les réseaux sociaux des attaques sur son sol et « l’attitude belliqueuse » de Kigali. Selon des sources militaires à l’Agence France-Presse, des projectiles ont été tirés ces derniers jours de part et d’autre de la frontière entre la RDC et le Burundi, dans la zone de l’avancée du M23.

L’avancée du M23 et la récente intensification des combats dans l’est de la RDC, région riche en ressources naturelles frontalière du Rwanda et en proie à des violences depuis trente ans, met clairement à mal, quelques jours à peine après avoir été entériné, un accord Kinshasa-Kigali qualifié de « miracle » par le président américain Donald Trump.

Jeudi à Washington, le président congolais, Félix Tshisekedi, et son homologue rwandais, Paul Kagame, ont ratifié un accord « pour la paix », qui comporte une contrepartie économique promettant d’assurer à l’industrie de pointe américaine un approvisionnement en minerais stratégiques, dont les sous-sols congolais regorgent.

Mais depuis une semaine, des combats opposant le M23 piloté selon des experts de l’ONU par Kigali, et l’armée congolaise soutenue par des milices pro-Kinshasa ainsi que des milliers de soldats burundais, se sont intensifiés dans le Sud-Kivu, selon des sources sécuritaires.

Le jour même de la cérémonie de ratification par les chefs d’Etat, d’intenses combats avaient lieu. Selon plusieurs sources locales et militaires, des bombardements ont touché ce jour-là des maisons et des écoles, les familles étant appelées en urgence à venir récupérer leurs enfants.

Lundi, des affrontements ont été signalés aux abords de la localité de Luvungi, à environ 60 km au nord d’Uvira, selon des sources militaires. Des tirs et des détonations ont également résonné aux abords de Sange, localité à mi-chemin entre Uvira et Luvungi, toujours de sources militaires.

Un officier au sein de l’armée burundaise a évoqué de « très nombreux » soldats, congolais et burundais, en fuite et passant la frontière avec le Burundi. « Tous les soldats ont été désarmés dès qu’ils sont arrivés sur le sol burundais », a précisé à l’Agence France-Presse (AFP) une des sources militaires.

Plus tôt dans la journée, dans un discours à la nation prononcé depuis Kinshasa, Félix Tshisekedi a déclaré que « malgré notre bonne foi et l’accord récemment entériné, force est de constater que le Rwanda viole déjà ses engagements ».

Les combats, qui font rage désormais à une trentaine de kilomètres au nord de la ville d’Uvira, impliquent plusieurs milliers de soldats burundais, en soutien à Kinshasa.

Uvira, dernière grande agglomération du Sud-Kivu à échapper au contrôle du M23, fait face au nord du lac Tanganyika à la capitale économique burundaise Bujumbura. La prise de cette cité par le M23 constituerait une menace directe aux yeux du Burundi voisin, le coupant totalement du territoire de la RDC.

Le Burundi avait déployé environ 10 000 soldats en octobre 2023 dans l’est de la RDC dans le cadre d’un accord de coopération militaire. Selon plusieurs sources au sein de l’armée, des renforts ont progressivement été envoyés ces derniers mois, portant les troupes 15 000 ou 20 000 hommes. Au moins vingt soldats burundais ont été tués depuis lundi dans des combats sur le sol congolais, selon des sources militaires burundaises samedi.

Le M23 contrôle depuis fin janvier Goma, capitale du Nord-Kivu, et Bukavu, capitale du Sud-Kivu, depuis février. Après cette offensive d’ampleur du début d’année, qui avait laissé une armée congolaise dépassée, le front s’était relativement stabilisé depuis mars.

Le président burundais, Evariste Ndayishimiye, avait été parmi les premiers à mettre en garde, tout comme l’ONU, contre le risque que le conflit dans l’est de la RDC ne tourne en guerre régionale dans les Grands Lacs. Dimanche, le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a déploré « de nombreux blessés et des déplacements de populations massifs » liés aux récents affrontements.

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