C’est un petit miroir rond en bois massif d’où surgissent deux oreilles de félin. Ici, un tabouret évoquant les colliers des femmes girafes, ou une case africaine, là un banc façon crocodile assoupi… La première exposition parisienne d’Estelle Yomeda – « Animal Vegetal », jusqu’au 17 janvier 2026 à la galerie Maria Wettergren – est une surprise pour les sens. Les différents bois africains réchauffent l’espace de leur couleur miel, ou brunie par le feu, tandis que les formes organiques, lustrées en surface et creusées à la gouge à l’intérieur, invitent au toucher. Ici plus qu’ailleurs, on pense à l’Italien Andrea Branzi (1938-2023) qui baptisait d’« animaux domestiques » son mobilier confortable et réconfortant, intégrant un petit morceau de nature porteuse « de variation permanente, une sorte de vibration ».
Estelle Yomeda – 1,80 mètre, coiffure afro au double chignon, vêtements bariolés et collier d’ébène – réserve d’autres surprises. A voir ses meubles sculptés dans le bois massif, on ne doute pas que cette artiste franco-togolaise maîtrise les deux cultures qui sont les siennes : ils évoquent des animaux fantastiques de la savane, et les colliers de microperles, qui chargent certains de ses miroirs, des lianes tropicales. Une telle justesse du geste de la main sur des formes tirées de la nature, parfois à peine retouchées, indique aussi des années de pratique. « Pas exactement, lâche Estelle Yomeda dans un large sourire. J’ai découvert le Togo très tardivement, de même que le design de meubles. »