Livre. Voici un petit livre éminemment salutaire par les temps qui courent. A l’heure où les agoras grondent de fausses évidences, la modeste pédagogie du savoir étayé et accessible au plus grand nombre tient de l’urgence citoyenne. En ce sens, le précis d’histoire signé par Thomas Snégaroff et Benjamin Stora France/Algérie, anatomie d’une déchirure (Les Arènes-France Inter) est une heureuse surprise.

L’ouvrage ne s’adresse pas aux spécialistes qui n’y trouveront nulle nouveauté historiographique. Il cible d’abord et avant tout le large public, néophytes avides de repères comme aînés aux souvenirs chancelants, qui disposeront là d’un outil didactique percutant sur ce sujet hautement inflammable, celui d’une relation franco-algérienne en crise perpétuelle, ainsi que le rappelle l’actualité. Au-delà d’un texte ramassé, le propos est servi par une infographie originale – cartes et frises chronologiques – et un appareillage de notes, fiches et verbatim, accroissant le confort de lecture.

« L’Algérie est une blessure, une obsession, un miroir déformant dans lequel la France n’a jamais cessé de se chercher. Et réciproquement. Un miroir à double face. » Radiologues de cette « blessure », Thomas Snégaroff et Benjamin Stora en dessinent les contours en remontant aux origines. Le choc inaugural de 1830 y est utilement documenté, lésion fondatrice dont tout découle.

L’étonnante polémique soulevée en février par les propos du journaliste Jean-Michel Apathie, comparant la violence coloniale au massacre commis par les nazis en juin 1944 à Oradour-sur-Glane, aura montré combien cette période demeure mal connue du public français, mauvaise foi mise à part. Alors, il faut inlassablement rappeler les faits, fussent-ils dérangeants : les « enfumades » du maréchal Bugeaud (« Fumez-les à outrance, comme des renards ») ciblant les résistants algériens, les « colonnes infernales » du général Saint-Arnaud (« Je vois brûler les villages arabes, j’espère que la leçon leur profitera »), etc.

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