Guerre en Ukraine : « L’UE a trop peu de cartes en main pour hésiter à abattre celle des avoirs russes gelés »

 « Ils parlent, mais ils n’agissent pas, et la guerre ne cesse de s’éterniser. » Donald Trump a, une nouvelle fois, vertement critiqué l’attitude des Européens face au conflit russo-ukrainien dans un entretien au site américain Politico, le 9 décembre. Aussi sévère soit-il, le jugement comporte une part de vérité. Malgré son soutien indéfectible à Kiev, l’Union européenne (UE) peine souvent à passer de la parole aux actes. Dans quelques jours, elle aura l’occasion de prouver le contraire en tranchant la délicate question des avoirs russes gelés sur son sol en raison des sanctions internationales. Lors d’un sommet capital à Bruxelles, les 18 et 19 décembre, l’UE doit se prononcer sur le sort des 210 milliards d’euros d’actifs qu’elle veut utiliser comme levier pour amplifier l’aide à l’Ukraine.

Les Vingt-Sept sont au pied du mur. Alors qu’au premier semestre, ils avaient réussi à suppléer la suspension de l’aide américaine par M. Trump, le soutien s’est essoufflé depuis l’été, selon les données publiées par le Kiel Institut. Or dès le printemps 2026, sans nouvel apport, les finances de l’Ukraine seront exsangues. Le pays serait alors contraint de faire des compromis inacceptables face à l’agression russe.

Parallèlement, la Russie et les Etats-Unis exercent une pression maximale pour obtenir la capitulation de Kiev. Cette perspective permet à Moscou d’espérer récupérer son argent, grâce à la levée des sanctions internationales, tandis que Washington laisse entendre que ces actifs pourraient être utilisés pour des investissements américains, une fois la paix conclue. Confrontés à ces convoitises, les Vingt-Sept ne peuvent pas se permettre d’attendre que le sort de l’Ukraine soit scellé pour agir.

La Commission européenne s’en est donné les moyens en levant la plupart des obstacles juridiques pour rester dans le cadre du droit international. Elle propose aux Etats membres de mettre en œuvre un prêt de réparation consenti à Kiev. L’UE lèverait des fonds en demandant aux institutions dépositaires des avoirs russes de les lui prêter à taux avantageux. L’argent serait ensuite mis à disposition de l’Ukraine. Kiev ne devrait rembourser que si et quand la Russie lui versera des réparations. En outre, les Vingt-Sept se sont mis d’accord le 12 décembre pour geler, aussi longtemps que nécessaire, les actifs russes afin d’éviter d’être obligés de renouveler tous les six mois cette immobilisation par un vote à l’unanimité, et s’exposer à un veto de pays prorusses, comme la Hongrie.

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