En s’emparant, armes à la main, de la ville congolaise d’Uvira, le 10 décembre, six jours après la signature d’un accord de paix parrainé par Donald Trump, le mouvement rebelle de l’Alliance fleuve Congo/Mouvement du 23 mars (AFC/M23), piloté par le Rwanda voisin, pouvait difficilement ignorer que son offensive éclair serait perçue comme un camouflet adressé au médiateur américain. Celui-ci a d’ailleurs froncé les sourcils, vendredi, au Conseil de sécurité des Nations unies, promettant de répondre à cette « claire violation » des accords.
Trois jours plus tard, dans la nuit de lundi 15 à mardi 16 décembre, les insurgés annoncent qu’ils vont se retirer de cette ville stratégique du Sud-Kivu, qui était devenue la capitale administrative régionale par défaut depuis la chute de Goma, en janvier, et de Bukavu, en février. Mais cette proposition de retrait est associée à des conditions qui rendent très hypothétiques son entrée en vigueur.
Le communiqué, présenté par les rebelles comme une « mesure unilatérale de confiance », est signé par le coordonnateur de l’AFC/M23, Corneille Nangaa, soit le dirigeant de la branche politique et congolaise du mouvement. Toutefois, la « décision de proposer un retrait doit venir du Rwanda », avance un diplomate étranger spécialiste de la région. « C’est une façon pour Kigali de tenter à nouveau de se dissimuler et de replacer le problème sur un terrain uniquement congolais », ajoute cette source.