Le président algérien, Abdelmadjid Tebboune, a accordé, lundi 15 décembre, une grâce à l’universitaire Mohamed El-Amine Belghit, condamné en appel à trois ans de prison ferme dont deux avec sursis pour « atteinte à l’unité nationale » et « incitation à la haine raciale » après avoir tenu des propos controversés sur l’amazighité. Dans une interview diffusée sur la chaîne Sky News Arabia en mai, le professeur, habitué aux polémiques, avait assimilé la défense de l’identité berbère, et notamment de la langue tamazight, à un « projet idéologique de création franco-sioniste ».
Ces déclarations, puissamment relayées et commentées sur les réseaux sociaux, avaient conduit les autorités à engager des poursuites. Pour la justice, Mohamed El-Amine Belghit allait à l’encontre de la Constitution qui a consacré le tamazight comme langue officielle, à l’instar de l’arabe. Un statut qui lui avait déjà été reconnu par la Constitution révisée de 2016, et que le référendum de 2020 a rendu intangible.
Placé en détention provisoire, l’universitaire avait été condamné, le 3 juillet, en première instance, à cinq ans de prison ferme, assortis d’une amende. En appel, le 7 octobre, la cour d’Alger avait réduit la peine à trois ans de prison ferme et deux ans avec sursis, tout en confirmant la culpabilité. Le 11 décembre, la Cour suprême avait rejeté le pourvoi en cassation introduit par la défense, rendant la condamnation définitive.