Face à la profusion de mythes et légendes qui sous-tendent une culture japonaise bien vivante, à ses innombrables créatures, divinités et phénomènes extraordinaires (kami, yokai, yurei…), il y a besoin d’une boussole. Plus que jamais, dans une époque traversée par de nombreuses représentations créatives et parfois fantasmées de ces croyances, notamment à travers la pop culture et ses œuvres multisupports (anime, mangas, jeux vidéo, films…), diffusées mondialement. « Depuis l’Occident, notre vision de ce qu’est la mythologie fausse un peu notre regard sur ce qui existe au Japon », prévient d’emblée l’anthropologue Jean-Michel Butel, maître de conférences à l’Institut national des langues et civilisations orientales où il enseigne le japonais et l’ethnologie du Japon. « On a tendance à directement penser à la Genèse ; c’est sans doute une spécificité des religions monothéistes que d’accorder autant de place à un récit fondateur. »

Matthias Hayek, directeur d’études à l’Ecole pratique des hautes études et historien des croyances japonaises, abonde dans le même sens : « L’idée qu’il y ait dans toutes les civilisations et les cultures, sous une forme comparable, un récit unifié et cohérent qu’on pourrait appeler “mythologie” pose question. » Toute la religion japonaise est constituée de syncrétisme, soit un mélange entre des traditions locales et une influence culturelle chinoise importante, elle-même nourrie de taoïsme, de confucianisme et d’un bouddhisme remonté d’Inde. Ajoutez à cela les transformations permanentes de ces récits à travers l’histoire, et votre boussole a vite fait de ne plus indiquer le nord (ou l’est)… « Pour bien comprendre le religieux japonais, il faut se dire qu’il est intrinsèquement ludique et créatif, avance Jean-Michel Butel. Ça ne veut pas dire qu’il n’y a pas de croyance, mais il y a un jeu permanent avec toutes ces figures. » Essayons d’en comprendre les règles.

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