Le ministre de l’intérieur, Laurent Nuñez, envisage « de prendre des sanctions qui peuvent aller de la suspension à la révocation » contre un maire de Dordogne qui a tenu des propos antisémites, a affirmé la Place Beauvau à l’Agence France-Presse (AFP), lundi 22 décembre, confirmant une information du journal Libération.

M. Nuñez, qui « condamne fermement les propos tenus par le maire d’Augignac », Bernard Bazinet, « estime (…) que ce maire ne possède plus l’autorité morale nécessaire à l’exercice de ses fonctions », fait savoir le ministère. « Il a donc demandé à la préfète de la Dordogne d’entendre le maire pour lui faire part de la gravité de ses propos, incompatibles avec sa qualité de maire », ajoute-t-on.

Selon Ici Périgord, Bernard Bazinet est convoqué mardi à la sous-préfecture de Nontron (Dordogne).

Le 4 décembre, le maire d’Augignac, commune de 825 habitants située dans le nord du département, avait commenté « Oui au boycott ! La France est trop youpine pour boycotter ! » en dessous d’une publication Facebook du journal Libération consacrée à la participation d’Israël à l’Eurovision, dont l’édition 2026 est menacée de boycott par plusieurs pays.

« C’est un commentaire qui a dépassé complètement ma pensée. J’étais hors de moi par rapport à ce que je pouvais lire dans des reportages sur la Palestine. Quand j’ai vu que la France avait accepté la participation d’Israël, ça m’a amené à réagir de façon conne », avait déclaré à l’AFP M. Bazinet, ancien membre du Parti socialiste (PS).

« Je n’avais pas forcément conscience que le terme, qui pour moi était argotique, avait des relents antisémites. Quand j’ai voulu le retirer, j’ai vu qu’il avait été partagé partout et repris sur CNews », avait-il ajouté.

Le maire est convoqué en janvier pour injure publique à caractère raciste devant le délégué du procureur de Périgueux et devra s’acquitter d’une amende de 500 euros, selon Ici Périgord. Le PS a annoncé, le 9 décembre, avoir exclu l’élu périgourdin, estimant que « l’antisémitisme est un mal odieux. Aucune tolérance, aucune explication n’est entendable ».

Selon le code général des collectivités territoriales, la suspension d’un maire ou d’un adjoint « est une mesure conservatoire prononcée par un arrêté ministériel, motivé pour un temps qui n’excède pas un mois », tandis que la révocation entraîne une inéligibilité « pendant une durée d’un an ».

La situation du maire d’Augignac suscite de vives réactions dans la sphère politique locale et nationale. Plusieurs élus et associations ont exprimé leur indignation compte tenu de la gravité des propos tenus, soulignant l’importance de la lutte contre l’antisémitisme dans la société française. Le ministère de l’intérieur insiste sur la nécessité de rappeler les valeurs républicaines et la responsabilité particulière des élus dans le respect de ces principes.

Dans ce contexte, la procédure engagée contre Bernard Bazinet s’inscrit dans une volonté de fermeté affichée par les autorités. La préfète de la Dordogne a été chargée de mener un entretien avec l’élu afin de lui signifier la gravité de ses actes et d’évaluer les suites à donner. Cette démarche s’accompagne d’une réflexion plus large sur la prévention et la sanction des discours de haine au sein des institutions publiques.

Enfin, l’affaire relance le débat sur la formation et la sensibilisation des responsables politiques aux enjeux de la lutte contre toutes les formes de discrimination. Plusieurs voix appellent à renforcer les dispositifs existants pour éviter que de tels dérapages ne se reproduisent à l’avenir.

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