Ce 9 juin 2025, le Musée Charles-Dickens, au 48 Doughty Street, dans le quartier historique de Holborn, à Londres, a ouvert ses portes pour une journée très spéciale. L’établissement fête les 100 ans de son inauguration et les 155 ans de la mort de l’écrivain, décédé le 9 juin 1870, à 58 ans, épuisé par une vie de labeur et d’excès.
Ce monument de la littérature britannique ne séjourna que deux ans dans cette demeure à la modeste façade de brique sombre (entre 1837 et 1839). Mais ce furent des années prolifiques : jeune journaliste, il y termina l’écriture des satiriques Pickwick Papers (Les Papiers posthumes du Pickwick Club), qui lancèrent sa carrière d’écrivain, et il y rédigea Oliver Twist, son grand roman sur la misère enfantine.
A l’étage, dans un salon où Charles Dickens, qui rêvait d’être acteur et adulait William Shakespeare, déclamait à haute voix ses textes, se pressent des visiteurs britanniques, américains ou chinois. Un jeune homme lit avec entrain un passage d’Oliver Twist (1838) – quand l’enfant est mis à l’isolement à l’orphelinat pour avoir osé réclamer davantage à manger.
L’écrivain « avait l’habitude d’éclaircir sa voix avec du brandy », confie Ollie Dickens à la fin de sa prestation. Dickens ? « Je suis l’arrière-arrière-arrière-petit-fils de Charles », confirme le trentenaire, en gilet et costume cintré.
Au rez-de-chaussée, dans un étroit salon, l’historienne de l’art Lucinda Hawksley s’attarde sur des portraits de famille : Charles Dickens, Catherine, née Hogarth, sa femme, et leur abondante progéniture. « Catherine a eu dix enfants et fait au moins deux fausses couches en quinze ans. Ce n’était pas exceptionnel pour une femme à l’ère victorienne [la reine Victoria a eu neuf enfants]. Mais elle souffrait de dépression périnatale à chaque naissance », raconte à des visiteurs captivés cette quinquagénaire aux yeux bleus intenses et arrière-arrière-arrière-petite-fille du couple.