« Depuis plusieurs années, j’ai une foi en Dieu inébranlable. Inébranlable. Et plus ma vie est jalonnée de difficultés, plus ma foi s’affirme. A l’inverse de ceux qui doutent de l’existence de Dieu après Auschwitz, je pense au contraire que Dieu ne peut qu’advenir, après Auschwitz. Un Dieu unique, qui met une étincelle divine en chacun de nous. Quand, en 1999, on a annoncé à ma femme, atteinte d’un cancer grave, qu’elle n’avait plus que quelques mois à vivre, j’allais tous les jours à l’hôpital Boucicaut [AP-HP, Paris 15e], en répétant mentalement le psaume 23 (22) : “Quand je marche dans la vallée de l’ombre de la mort, je ne crains aucun mal, car tu es avec moi : ta houlette et ton bâton me rassurent.” Mon épouse a guéri, nous vivons toujours ensemble après quarante-six ans de mariage.
Je suis profondément croyant, bien que je n’aie eu aucune éducation religieuse, vraiment aucune. Je suis né dans le Var, d’une mère de tradition catholique oubliée et d’un père communiste, athée et anticlérical. Pourtant, dans cette Provence de Pagnol, qui ressemblait étrangement à la Bassa padana italienne de don Camillo et Peppone [dans le film de 1952, Le Petit Monde de don Camillo, de Julien Duvivier, avec Fernandel], le sacré était partout.