Les frappes aériennes américaines menées jeudi au Nigeria visaient des militants du groupe Etat islamique (EI) venus du Sahel pour collaborer avec le groupe djihadiste local Lakurawa et des gangs de « bandits », a affirmé samedi 27 décembre à l’Agence France-Presse un porte-parole du président nigérian. Washington et Abuja avaient précédemment déclaré qu’elles visaient des militants liés à l’EI, mais sans fournir de détails sur les groupes armés qui avaient été pris pour cibles.

« L’EI a trouvé le moyen de passer par le Sahel pour aller aider les Lakurawa et les bandits en leur fournissant des équipements et en leur dispensant des formations », a déclaré Daniel Bwala, porte-parole du président Bola Tinubu. Les djihadistes affiliés à l’EI sont actifs au Niger voisin, ainsi qu’au Burkina Faso et au Mali, où ils mènent une insurrection sanglante contre les gouvernements de ces pays.

Alors que le Nigeria est depuis longtemps confronté à son propre conflit djihadiste, les analystes s’inquiètent de l’arrivée de groupes islamistes venus du Sahel dans ce pays d’Afrique de l’Ouest.

« La frappe a été menée à un endroit où, historiquement, se trouvent les bandits et les Lakurawa », a précisé M. Bwala. « Les renseignements recueillis par le gouvernement américain indiquent également qu’il y a un mouvement massif de membres de l’EI venus du Sahel vers cette région ». « Il y a eu des victimes, mais on ne sait pas exactement qui parmi les personnes visées a été tué », a ajouté M. Bwala.

Le lieu des frappes, dans l’Etat de Sokoto, dans le nord-ouest du Nigeria, a intrigué les analystes, car l’insurrection djihadiste au Nigeria est principalement concentrée dans le nord-est du pays. Des chercheurs ont récemment établi un lien entre certains membres du groupe Lakurawa, le principal mouvement djihadiste dans l’État de Sokoto, et la branche sahélienne de l’EI.

D’autres analystes ont toutefois contesté ces liens. Les recherches sur Lakurawa sont compliquées car ce terme a été utilisé pour désigner divers groupes de combattants armés dans le nord-ouest du Nigeria.

Dans cette région, le plus grand problème de sécurité est celui posé par les gangs criminels locaux connus sous le nom de « bandits » plutôt que par les djihadistes. Ceux-ci pillent les villages, procèdent à des enlèvements contre rançon et extorquent de l’argent à des agriculteurs et des mineurs artisanaux dans les zones rurales échappant au contrôle du gouvernement. Ces gangs, motivés par l’argent et non la religion, collaborent parfois avec les djihadistes, soulignent les analystes.

Recomendar A Un Amigo
  • gplus
  • pinterest
Commentarios
No hay comentarios por el momento

Tu comentario