L’Asie du sud, responsable et victime du désastre écologique en cours

Le désastre causé par le cyclone Ditwah au Sri Lanka le 28 novembre, plus de 600 morts, est inédit par son ampleur. Il a affecté la totalité de cette île d’environ 23 millions d’habitants, un joyau tropical, avec ses plages paradisiaques au bord de l’océan Indien, ses montagnes couvertes de forêts et de plantations de thé et d’épices. Cet épisode est la dernière illustration de la crise écologique et climatique en cours en Asie du Sud, qui abrite 2 milliards d’individus, soit un quart de l’humanité.

Partout, à l’exception du petit royaume du Bhoutan qui a volontairement bridé son développement et freiné le tourisme, la destruction de la nature, le bétonnage, la déforestation et la pollution sont massifs. L’air, les sols et l’eau sont contaminés. Le Bangladesh, le Pakistan et l’Inde sont classés tout en bas de l’échelle mondiale pour la qualité de l’air. Les grandes métropoles comme Delhi, Lahore, Dacca, et même Katmandou, sont asphyxiées toute l’année par les concentrations de particules fines, avec des pics hivernaux au-delà du supportable. L’Organisation mondiale de la santé prédit une épidémie de cancer dans les années à venir. La revue The Lancet estime que 1,7 million de décès en Inde étaient attribuables en 2022 à la pollution atmosphérique.

Le Gange et la Yamuna, les deux fleuves sacrés des hindous, sont devenus des vecteurs de contamination. Les industriels y déversent leurs effluents, les agriculteurs leurs résidus de pesticides, les villes leurs eaux usées. L’eau est chargée d’arsenic, de cadmium et de plomb. Les effets sanitaires sont bien là : dans toute la plaine gangétique, le nombre de cancers de la vésicule biliaire, plutôt rare, explose en Inde, avec près de 10 % de la charge mondiale de cette pathologie. Les sols, quant à eux, sont épuisés par l’agriculture intensive.

Toutes les énergies devraient être employées à penser des solutions tant que c’est encore possible, tant qu’il est encore temps. Mais rien ne freine la destruction de la nature, livrée aux appétits de quelques oligarques avec la complicité des dirigeants obsédés par la trajectoire de leur croissance et par leur désir de puissance.

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