Daniel Zagury, psychiatre et expert honoraire, revient sur la manière dont la justice prend en compte les troubles psychiatriques, avec une pression de la société toujours plus forte à ne pas « irresponsabiliser des personnes qui ont commis des actes ayant créé, souvent, une grande émotion collective ». Le médecin, auteur de Comment répondre au massacre de la psychiatrie française ? (Alpha, 2024), alerte sur une psychiatrie publique « exsangue », rendant illusoire un « tri médico-judiciaire » qui fonctionnerait en amont de la prison.
C’est vrai que, quand on se penche sur le nombre d’abolitions du discernement prononcées par la justice pour des personnes souffrant de troubles psychiques [article 122-1, autrefois « état de démence » dans l’ancien article 64 du code pénal], cela n’a cessé de diminuer ces dernières années. Aujourd’hui, on arrive à très peu de conclusions d’une abolition – moins de 1 % des affaires clôturées à l’instruction. Celle-ci ne doit être retenue que lorsque les experts aboutissent au fait qu’il n’y a pas d’autre explication à l’acte commis que la maladie mentale.