Emmanuel Macron a décidé de nommer Thierry Breton au poste de commissaire européen, dans le prochain exécutif de l’Union européenne (UE) qui devrait prendre ses fonctions le 1er novembre. Jeudi 27 juin, le président français en a informé les autres dirigeants libéraux – le premier ministre belge, Alexander De Croo, le Néerlandais Mark Rutte, l’Estonienne Kaja Kallas, mais aussi le président du Conseil, Charles Michel – juste avant la réunion des chefs d’Etat et de gouvernement européens, qui se tenait le même jour à Bruxelles, comme l’ont indiqué au Monde des sources concordantes. Thierry Breton, qui était présent lors de cette annonce, a remercié le président français de sa confiance.
« C’est mon souhait et je pense que [Thierry Breton] a l’expérience et les qualités pour », a confirmé Emmanuel Macron, à l’issue du Conseil européen, réuni pour, entre autres, reconduire Ursula von der Leyen à la tête de la Commission européenne.
A trois jours du premier tour des élections législatives, dimanche, la situation française a sans conteste joué dans cette décision. Il s’agit, pour le chef de l’Etat, de défendre ses prérogatives en matière de politique européenne, dans l’hypothèse d’une cohabitation avec le Rassemblement national (RN). Ces derniers jours, Jordan Bardella avait assuré que la nomination du commissaire français serait l’apanage du premier ministre, ce que conteste l’Elysée au nom d’un « domaine réservé » du chef de l’Etat.
En annonçant son choix de nommer Thierry Breton, qui possède la double nationalité française et sénégalaise, Emmanuel Macron prend les devants, quels que soient les résultats électoraux. « Cette nomination n’est pas dans les prérogatives du président, mais appartient au futur premier ministre en cas de cohabitation », a protesté, jeudi, Marine Le Pen.
A ce sujet, la Constitution n’est pas claire. Lors des précédentes cohabitations droite-gauche des années 1980-1990, la France disposait encore de deux commissaires, permettant aux deux pôles de l’exécutif de se partager les postes en bonne intelligence.
Emmanuel Macron veut aussi poser des jalons au moment où Ursula von der Leyen, qui devrait être reconduite, est pressée de toutes parts de donner des postes importants aux commissaires pressentis par les gouvernements européens – une personnalité par Etat membre. Giorgia Meloni, la présidente du conseil italien (extrême droite), compte bien monnayer au mieux son soutien à l’ancienne ministre d’Angela Merkel, qui a besoin d’élargir ses soutiens, au-delà du socle constitué par les conservateurs, les sociaux-démocrates et les libéraux, pour espérer être investie le 18 juillet par le Parlement européen.