Plus qu’une marque, son nom avait fini par désigner tous les chariots métalliques cliquetant sur les allées des supermarchés. Mais Caddie n’est plus. Mardi 16 juillet, la chambre commerciale du tribunal de Saverne (Bas-Rhin) s’est finalement prononcée pour la liquidation judiciaire de l’entreprise alsacienne installée à Dettwiller, dans le nord du département.
Confrontée à d’importantes difficultés de trésorerie, l’entreprise avait été placée en liquidation avec poursuite d’activité le 25 juin. Une procédure permettant d’enclencher le mécanisme d’assurance de garantie des salaires afin que les 110 employés puissent être payés. Il s’agissait du quatrième plan de redressement judiciaire depuis 2012. Celui « de trop », a constaté Me Pierre Dulmet, l’avocat du comité social et économique (CSE) de Caddie au sortir de l’audience. Avant d’annoncer qu’il n’y aurait pas de repreneur.
Ce mardi, les juges devaient se pencher sur deux offres de reprise. La première émanait du Groupe Cochez, l’actuel propriétaire, spécialisé dans les transports et les services industriels. Il prévoyait de ne conserver que 15 des 110 emplois du site et d’abandonner l’activité industrielle. La seconde était portée par la société Skade Management de Stéphane Dedieu, ancien propriétaire de Caddie. Elle prévoyait de reprendre 42 salariés et de poursuivre la production.
« On avait l’espoir que d’autres projets voient le jour : ça n’a pas été le cas, a expliqué Me Dulmet, interrogé par Le Monde. Les salariés avaient beaucoup d’attachement pour M. Dedieu. Il leur a vendu beaucoup d’espoir en déposant cette offre. » L’audience a cependant douché leurs attentes. A la surprise des salariés, l’avocat de Skade Management a finalement annoncé qu’il ne lèverait pas les conditions suspensives de son offre.
« Pour qu’une offre soit recevable devant un tribunal, il faut qu’elle soit ferme, détaille Me Dulmet. Dans le dossier Dedieu, elle était soumise à deux conditions : trouver un accord avec le propriétaire actuel pour qu’il lui revende les locaux dans lesquels il exploite Caddie sous un délai de dix-huit mois, pour 2,6 millions d’euros et trouver un financement. Il y a eu un accord sur l’immobilier, mais M. Dedieu n’a pas trouvé de financement. »
Contacté, Stéphane Dedieu a répondu par écrit « que le délai de reprise était vraiment trop court pour réunir assez d’investisseurs ». Incomplète, son offre n’a donc pu être étudiée par les juges qui ont également choisi d’écarter celle du Groupe Cochez. « Le volet social était très faible, commente Me Dulmet. Le parquet a préféré dire : “On arrête les bêtises. Ça fait des années que Caddie est en souffrance, donc je ne donne pas l’autorisation de présenter cette offre dérogatoire”. »