Histoire d’une notion. Depuis les élections législatives de 2022, le terme « coalition », dans le monde politique, est sur toutes les lèvres. A l’été 2024, Lucie Castets, la candidate du Nouveau Front populaire (NFP) pour Matignon, s’est ainsi dite « prête », pour « assurer la stabilité du pays », à construire des « coalitions ».
Cette rhétorique a ensuite été reprise par Michel Barnier, nommé premier ministre par Emmanuel Macron, le 5 septembre 2024, et par François Bayrou, qui lui a succédé trois mois plus tard. Qu’ils viennent de la droite ou de la gauche, ces partisans du rassemblement affirment vouloir dialoguer avec leurs adversaires, afin d’élargir l’assise de leur futur gouvernement.
En l’absence de majorité absolue à l’Assemblée nationale, ils n’ont en réalité guère le choix. Depuis les élections législatives de 2022 et plus encore depuis celles de 2024, la confortable majorité parlementaire qui avait accompagné, depuis 1962, tous les gouvernements de la Ve République s’est évanouie : le Palais-Bourbon est désormais divisé, non plus en deux groupes, comme il l’était jadis, mais en trois – la gauche, le « bloc central » et la droite radicale. Dans un Hémicycle aussi fragmenté, nul ne peut sérieusement envisager de gouverner seul en appliquant méthodiquement son programme : il serait immédiatement sanctionné par une implacable motion de censure.