En cette fin d’octobre, les températures commencent à peine à baisser dans la province de Deir ez-Zor, dans l’est de la Syrie. Au petit matin, deux pick-up et trois Humvee patrouillent autour de la ville de Chouhaïl. Des hommes aux cheveux mi-longs, vêtus de longues tuniques, accompagnent le convoi, le regard méfiant. « A Deir ez-Zor, les membres de l’organisation Etat islamique [EI] sont complètement intégrés dans la population locale », explique Aayed Al-Turki Al-Khabil, surnommé « Abou Ali Foulad », commandant en chef des Forces démocratiques syriennes (FDS, à dominante kurde), le bras armé de l’Administration autonome (du nord et de l’est de la Syrie) (Aanes).
Dans cette région, depuis l’installation au pouvoir d’Ahmed Al-Charaa, tombeur du régime de Bachar Al-Assad, en décembre 2024, les attaques des combattants de l’organisation djihadiste sont quasi quotidiennes. Les FDS en ont recensé 117 jusqu’à la fin août, un chiffre largement supérieur aux 73 décomptées sur l’ensemble de l’année 2024. Depuis la chute, il y a six ans, de Baghouz, la dernière ville de son « califat » autoproclamé, l’EI est devenue une insurrection mobile et décentralisée.
La majorité de ses opérations a lieu dans la province de Deir ez-Zor, vaste zone désertique, à majorité arabe, qui fut l’une des places fortes de l’organisation et abrite, aujourd’hui, la plupart de ses quelque 3 000 combattants – une estimation. L’organisation profite du désengagement progressif des forces américaines, partenaires historiques des FDS dans la lutte contre l’EI. Depuis avril, Washington a retiré environ 500 de ses 2 000 soldats encore présents en Syrie, fermant plusieurs bases ou les transférant aux forces kurdes. Le Pentagone prévoit de réduire ses effectifs à moins de 1 000 hommes dans les mois à venir.