Nigel Farage n’a jamais accepté d’être classé à l’extrême droite du spectre politique britannique, encore moins d’être qualifié de raciste. Celui qui, à la tête du parti Reform UK, prône l’expulsion de centaines de milliers d’étrangers s’il parvenait à Downing Street et questionne périodiquement le respect par les musulmans des « valeurs britanniques », préfère l’étiquette d’apôtre du « bon sens ». Dans les manifestations, ses soutiens, qui sont aussi parfois des sympathisants de l’activiste anti-islam et ex-hooligan Tommy Robinson, brandissent régulièrement des pancartes portant des affirmations similaires : « Not far right, just right » (« nous ne sommes pas d’extrême droite, nous avons juste raison »).
Il ne fait pas de doute que l’histoire singulière du Royaume-Uni – sa résistance victorieuse à l’Allemagne hitlérienne pendant la seconde guerre mondiale – a rendu toxique toute association avec des mouvements fascistes. Pour autant, dire que cette histoire a prémuni le pays contre des idéologies radicales relève du mythe, tout comme l’idée selon laquelle le système électoral britannique à un seul tour empêcherait l’arrivée au pouvoir d’extrémistes.