La mauvaise passe de Donald Trump

Donald Trump a passé une bien mauvaise soirée, mardi 4 novembre. Partout où des élections étaient organisées ce jour-là aux Etats-Unis, qu’il s’agisse de désigner des gouverneurs en Virginie et dans le New Jersey, un maire pour New York, des juges à la Cour suprême de Pennsylvanie, ou de répondre à un référendum organisé en Californie à propos d’un projet de redécoupage électoral, elles ont nettement tourné à l’avantage du Parti démocrate. Et les percées enregistrées un an plus tôt par le républicain parmi les électeurs des minorités latino et afro-américaine ont été brutalement effacées.

Certes, le nom de Donald Trump ne figurait pas sur les bulletins de vote, ce que l’intéressé s’est empressé de souligner pour renvoyer la responsabilité de la défaite sur d’autres que lui. C’est pourtant bien son exercice du pouvoir, qui ne se reconnaît guère de limites, et les fruits de ses décisions qui ont été sèchement sanctionnés. Alors que le shutdown (« fermeture ») en cours du gouvernement fédéral est désormais le plus long de l’histoire des Etats-Unis, les candidats républicains en ont manifestement été jugés responsables dans les urnes, et non les démocrates, qui en sont pourtant à l’origine au nom de la défense de l’assurance-santé, visée par des projets de coupes budgétaires.

La journée du lendemain n’a pas été plus agréable pour le président des Etats-Unis. Les juges de la Cour suprême, qui se penchaient, mercredi 5 novembre, sur la constitutionnalité des taxes douanières placées au cœur de son mandat, n’ont en effet pas semblé tous convaincus par les arguments du juriste préposé à leur défense. L’enjeu est de taille. Si la plus haute instance judiciaire du pays venait à considérer le moment venu que ces taxes sont en fait un impôt payé par le consommateur, ce qui relève des prérogatives exclusives du Congrès, l’ensemble de l’édifice s’écroulerait comme un château de cartes. Les conséquences seraient dévastatrices pour l’image du locataire de la Maison Blanche.

Ce dernier paye dans les urnes comme devant les juges de la Cour suprême, où les conservateurs sont pourtant nettement majoritaires, une lecture contestable de sa réélection. Alors qu’il avait été porté il y a un an par le rejet de l’administration démocrate de Joe Biden et de son incapacité à lutter contre l’inflation et l’immigration illégale, Donald Trump a considéré que sa victoire valait blanc-seing pour une remise en cause de l’équilibre des pouvoirs avec la complicité servile du Parti républicain au Congrès, pour une brutalisation de la vie politique, notamment illustrée par le déploiement de troupes en armes dans les villes démocrates, ainsi que pour une guerre commerciale unilatéralement déclarée contre la plupart des partenaires des Etats-Unis, leurs alliés historiques inclus.

Les conséquences de cette dernière offensive, notamment sur l’inflation, étaient déjà mesurables dans les sondages avant que les électeurs ne s’expriment. L’économie, qui était un point fort de Donald Trump depuis son entrée en politique, est désormais une faiblesse. Les démocrates s’en sont saisis en faisant campagne sur le coût de la vie, et non plus sur les menaces pourtant réelles que l’exercice solitaire du pouvoir par le républicain fait peser sur la démocratie des Etats-Unis. A un an des élections de mi-mandat, l’avertissement est sérieux pour un président qui ne pourra pas se représenter en 2028.

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