Esther Duflo, Prix Nobel d’économie 2019 : « Les pays riches ont une dette climatique envers les pays du Sud »

Canicules, sécheresses, inondations, montée des eaux : les conséquences du changement climatique se font déjà lourdement ressentir. Selon les scientifiques, plus de 3,5 milliards de personnes sont déjà menacées directement par les conséquences du bouleversement en cours. Les populations sont souvent les habitants les plus fragiles des pays les plus pauvres. Triste ironie de l’histoire : ce sont également ceux qui contribuent le moins aux émissions de gaz à effet de serre.

L’économiste Esther Duflo a proposé, en avril, un mécanisme de redistribution au niveau mondial pour aider à l’adaptation des pays du Sud et résoudre une partie de la « dette climatique ». La transition est-elle compatible avec la lutte contre la pauvreté ? Comment mettre en place un système juste au niveau international pour soutenir les plus pauvres des pays pauvres ?

Esther Duflo, Prix Nobel d’économie en 2019, apporte des réponses dans cet épisode du podcast « Chaleur humaine », diffusé le 12 juin sur Lemonde.fr. Vous pouvez retrouver ici tous les épisodes du podcast et vous inscrire à l’infolettre « Chaleur humaine » en cliquant ici.

Pour répondre à cette question, il faut commencer par se demander ce qui est à l’origine des émissions de gaz à effet de serre. Aujourd’hui, la Chine et l’Inde émettent beaucoup de CO2. Mais une grande partie de ces émissions a lieu pour la consommation des pays riches. C’est plus difficile de calculer cette empreinte carbone complète que simplement les émissions de chaque territoire. Mais il faut le faire parce que c’est là qu’on se rend compte de l’ampleur des inégalités en la matière, non seulement entre les nations, mais aussi entre les individus d’un pays à l’autre.

Plusieurs équipes de recherche ont réalisé ces calculs, et trouvé à peu près les mêmes résultats. On peut les résumer en disant qu’un Américain dans les 10 % les plus riches des Etats-Unis émet 122 fois plus qu’un Africain dans la partie la plus pauvre de l’Afrique. C’est une différence énorme. Un autre chiffre permet de résumer tout ça : 10 % de la population mondiale est responsable de 50 % du total des émissions chaque année. Et inversement, 50 % de la population mondiale, les plus petits émetteurs qui sont aussi les plus pauvres, émet seulement 10 % des émissions totales.

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