Comment ériger un barrage contre le Pacifique et réaliser ce que nul n’avait fait auparavant ? Depuis que le rugby à VII a été réintégré au programme olympique en 2016, une nation régnait en maître sur le tableau masculin de la compétition : les îles Fidji, doubles championnes olympiques (2016 et 2021), là où coule la source de ce sport, à en croire le sélectionneur français, Jérôme Daret. Pour tenter de s’y abreuver, son équipe de France de rugby à VII s’est rendue sur l’archipel à l’automne 2023.
Là-bas, la réponse au jeu fidjien n’est pas soufflée dans le vent. « Le secret se cache dans les dunes de Sigatoka », énonçait, mystérieux, Jérôme Daret, avant d’affronter les Fidji en finale olympique. Un parc national d’une époustouflante beauté, dans les sables desquelles les « Flying Fijians » (Les Fidjiens volants) ont pris habitude de se préparer. « On a fouillé, on a creusé, on a fait un peu de bac à sable là-bas, a poursuivi le technicien landais, mais on n’a pas trouvé. »
Sacrés champions olympiques, samedi 27 juillet dans un Stade de France en fusion, les coéquipiers d’un Antoine Dupont en apesanteur ont sans doute déniché quelque chose dans ces dunes où Aaron Grandidier Nkanang a reconnu avoir vécu « l’une des séances d’entraînement les plus éprouvantes de [sa] vie ». Larges vainqueurs des Fidjiens (28-7), les Bleus du VII ont joué libérés, mettant en application les consignes de leur entraîneur. « Il faut qu’on se lâche, pour aller faire péter le plafond de verre », exhortait Jérôme Daret avant la finale, incitant ses troupes à « prendre du plaisir, être joyeux en permanence », l’une des leçons retenue du voyage au bout du monde.
A les voir danser en formation une chorégraphie préparée, au centre du terrain olympique, samedi après leur sacre – ils la reprendront tard dans la nuit sur le dancefloor du Club France à La Villette, à Paris –, les Bleus l’ont écouté. Pourquoi ne l’auraient-ils pas fait ? Sous sa houlette, l’équipe de France est passée des tréfonds du classement mondial à un rôle de prétendant au titre, avant ce sacre olympique. Aimant comparer le rugby à VII à « des montagnes russes permanentes », Jérôme Daret pourrait s’en servir pour décrire le parcours de ses Bleus « chercheurs d’or ».
« Cette finale, on m’en parle depuis trois ans. Et je suis là depuis trois ans, glissait Varian Pasquet au sortir de la demi-finale. Certains attendent depuis 2016. » En poste depuis 2017, le technicien tricolore a patiemment construit ce groupe, le faisant progresser. Aspirant depuis le début à « positionner le rugby à VII dans le paysage rugbystique français », le Landais est parvenu à ses fins – en témoigne le succès populaire du tournoi olympique.