A Los Angeles, on ne croise personne par hasard. La ville est trop vaste. Treize fois comme Paris. Mais on ne sait jamais. En ce début 2023, dans les bureaux des producteurs hollywoodiens, on s’inquiète. Deux hommes venus d’Europe, l’un de France et l’autre d’Italie, pourraient tomber nez à nez. D’habitude, ils ne viennent pas au même moment. Alors, les assistants des magnats du cinéma s’arrangent pour éviter qu’une rencontre fortuite dans un ascenseur ou le lobby d’un hôtel ne se produise.
Car ces deux personnalités en voyage d’affaires convoitent la même chose : des films. Thierry Frémaux, délégué général du Festival de Cannes, et Alberto Barbera, directeur artistique de la Mostra de Venise, sont là pour attirer la crème de l’industry chez eux. Dans les bureaux climatisés de la Paramount, d’Universal, de Columbia, Disney et tous les autres, ils font la promotion de leur événement.
Parlent-ils de Killers of the Flower Moon, fresque de trois heures et demie signée Martin Scorsese, réunissant deux de ses acteurs fétiches, Robert De Niro et Leonardo DiCaprio ? Sans doute, car ce film tant attendu attise les passions. En tout cas, Thierry Frémaux remporte la mise. Il le présentera quelques mois plus tard, en mai 2023, à Cannes, où le film sera très applaudi. Notamment par Alberto Barbera, peu revanchard, présent dans la salle.
Des jolis coups, à LA comme ailleurs, le Français en a signé d’autres. En 2024, c’est chez lui qu’ont été dévoilés Megalopolis, du monstre sacré Francis Ford Coppola, ou encore Emilia Perez, de Jacques Audiard, comédie musicale sur une cheffe de cartel transgenre (en salle depuis le 21 août). Alberto Barbera peut, lui aussi, s’enorgueillir de pépites. La 81e édition de la Mostra, qui s’ouvre ce 28 août, devrait faire parler.
Y seront présentés The Room Next Door, premier long-métrage en anglais de Pedro Almodóvar, avec Tilda Swinton et Julianne Moore. Ou Joker : Folie à deux, de Todd Phillips, avec Lady Gaga et Joaquin Phoenix, deuxième volet des aventures de l’ennemi juré de Batman. Quant à Daniel « James Bond » Craig, il est à l’affiche de l’adaptation du sulfureux roman Queer, de William S. Burroughs, par Luca Guadagnino. La rumeur promet des scènes de sexe très osées.
Des festivals de cinéma, il y en a des centaines dans le monde. Mais une poignée seulement rythme le calendrier du secteur. En janvier, Sundance, dans l’Utah, aux Etats-Unis. En février, la Berlinale, à Berlin. En mai, Cannes. Fin août, Venise. Début septembre, Toronto, au Canada. Acteurs et réalisateurs y assurent la promotion de leurs films tandis qu’en coulisses, producteurs et distributeurs discutent, négocient les contrats… Le modèle est vertueux : les films à gros budget ou ceux au casting étincelant attirent l’attention de la presse et des acheteurs sur des longs-métrages plus confidentiels.